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De toutes les forces de la France

A Poilley (Ille-et-Vilaine), au matin du premier tour

Ce soir, dimanche 30 juin, à l’issue du premier tour des élections législatives, le Rassemblement national n’est plus qu’à une marche du pouvoir. Dans une semaine, il peut conquérir la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale. C’est dire combien l’enjeu des prochains jours est immense. Le vote pour l’extrême-droite est une expression de colère, de désarroi, de rage, de désillusion. Ce ressentiment, je le comprends. Il tient aux inégalités de richesse, aux ruptures territoriales et générationnelles, à l’éloignement des services publics, aux déserts médicaux, à la désindustrialisation, à l’insécurité. Mais la France, pourtant, n’est pas un pays de racistes et de fascistes. Ce serait une erreur, une faute même, de le penser. C’est un pays que mine depuis longtemps la peur sourde du déclassement, de la relégation sociale, de l’invisibilité. Les Français attendent que l’on s’occupe d’eux, de la réalité de leurs vies, qu’on ne leur parle ni de haut ni de loin, mais sincèrement, dignement, en responsabilité et avec des actes. Le Rassemblement national a su s’emparer de cette peur à l’œuvre dans la société, des carences de l’action et de la parole publique, pour alimenter l’illusion que son projet et ses idées sont ce qu’il faut pour la France et les Français.

La vérité est que l’extrême-droite, historiquement, a toujours joué contre les plus fragiles. Le progrès partagé ne l’intéresse pas. Ce n’est pas différent pour le Rassemblement national. L’extrême-droite n’aime pas la démocratie, les droits et libertés, les étrangers. Nous en avons eu le triste exemple avec la proposition d’écarter les binationaux de l’accès à la fonction publique française. A-t-on mesuré à quel point cette différence revendiquée de droits entre Français était révélatrice ? L’extrême-droite divise, discrimine selon la couleur de peau, les opinions et les religions. Elle se défie de la République, qu’elle ne goûte pas davantage aujourd’hui qu’hier. Avec le Rassemblement national, nous n’aurons ni la liberté, ni l’égalité, encore moins la fraternité. Ce n’est pas lui qui construira la solidarité nationale, entrainera l’économie, protègera l’environnement, portera en Europe et dans le monde une parole émancipatrice au nom de la France. Au droit, il opposera la force et l’arbitraire. Il sapera l’indépendance de la justice et la liberté des médias, comme l’ont fait ses alliés en Hongrie et en Pologne. Il confiera à ses protecteurs, les Bolloré et autres, nos chaînes de service public privatisées pour réduire la liberté de pensée, éliminer les contre-pouvoirs et rendre demain l’alternance impossible.

Le péril est immense pour la République. L’illibéralisme ne peut être l’avenir de la France, le renversement des alliances en faveur de Poutine et contre la construction européenne non plus. C’est pourtant cela qui nous attend si, faute de sursaut dans les prochains jours, le Rassemblement national profite des nombreuses élections triangulaires au second tour pour s’imposer et gagner une majorité absolue. Tout se jouera ce soir, cette nuit, demain. Il faut que toutes les formations politiques retirent leur candidat(e) arrivé(e) en troisième position dans chaque circonscription où le succès du Rassemblement national est possible par la division de ses concurrents. Face au Rassemblement national, il ne doit rester qu’un(e)seul(e) candidat(e). Le moment exige de dépasser les divergences politiques et les inimitiés personnelles, de s’élever au-delà des calculs et des ambitions pour protéger notre pays, et de soutenir activement et sincèrement celle ou celui qui affrontera l’extrême-droite. Lorsque tant est en jeu, il ne peut plus être question de « ni, ni ». Il faut se rassembler, sans exclusive, sans mégoter, de la gauche à la droite par un pacte inédit, dans la fidélité à cette grande et belle communauté qui nous unit : la République. C’est possible. Il le faut, de toutes les forces de la France.

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