Les prochains jours seront critiques pour l’avenir de la zone Euro. Les conséquences de la crise des dettes souveraines se font durement ressentir. Croissance anémiée, consommation stagnante et envolée du chômage : sans sursaut politique, il est à craindre que nos économies européennes ne se préparent à une longue période de faible activité avec de redoutables effets sociaux. Est-ce là l’avenir de l’Europe ?
Il est certes urgent d’engager le rééquilibrage des comptes publics et de lutter contre les déficits et l’endettement, mais pas au prix de la croissance et de la consommation. Il est des potions comme celle infligée à la Grèce, à l’Irlande et au Portugal qui provoquent une telle purge économique et sociale que la récession elle-même alimente mécaniquement la spirale infernale des déficits et de l’endettement. L’orthodoxie budgétaire infligée en temps record et à marche forcée, loin des peuples souverains, ne peut être la ligne d’horizon. Il ne saurait être question de passer par-dessus bord les mécanismes de protection sociale et garanties conquis par des décennies de lutte syndicales et politiques dans nos différents Etats.
Le projet européen est une oeuvre de paix et d’émancipation. Il est né aux lendemains d’une guerre mondiale qui avait conduit l’humanité au bord de l’abime. Il conjure les nationalismes. Je n’ai pas aimé les propos d’Arnaud Montebourg mercredi dernier sur Angela Merkel, Bismarck et la résurgence d’un nationalisme allemand. Certains raccourcis, parce qu’ils heurtent une histoire, celle de la reconstruction européenne d’une belle Nation, gagneraient à ne pas être empruntés. Reste, au-delà, que se pose aujourd’hui une question fondamentale : quelle Europe voulons-nous ? L’Europe de l’orthodoxie budgétaire et de l’austérité, qui, au motif et sans doute aussi au prétexte de la crise, démantèle les acquis sociaux et contraint la consommation, ou celle qui, tout en rééquilibrant les comptes publics, promeut plus que jamais le progrès et la solidarité. N’est-il pas consternant de voir le débat des derniers jours porter sur les sanctions à mettre en place contre les Etats en difficulté plutôt que sur l’incapacité d’abonder le Fonds Européen de Stabilité Financières (FESF) pour lutter contre la contagion de la crise à l’Italie et à l’Espagne ?
D’un sommet européen à l’autre sont prises des décisions non-suivies d’effets. Le 27 octobre à Bruxelles, les 17 Etats de la zone Euro avaient décidé qu’il faudrait 1 000 milliards d’Euros pour le FESF au plus tard à la fin novembre. Nous sommes bien loin du compte, malheureusement. Les droites au pouvoir en France, en Allemagne et dans bien d’autres Etats comme au sein des institutions européennes sont incapables d’affronter la crise en responsabilité. S’agiter pour s’agiter n’a jamais donné le moindre résultat. Se mettre en scène, même au sens propre comme Nicolas Sarkozy hier à Toulon, est une opération de campagne électorale inconvenante. Il y a de l’indécence à instrumentaliser la crise quand il faudrait au contraire agir. Que faire ? Abonder le FESF aussi rapidement que possible et le mobiliser, mettre en place les Euro-obligations pour mutualiser les dettes souveraines, pousser la Banque Centrale Européenne (BCE) à intervenir en force pour lutter sur les marchés contre la spéculation et surtout, surtout, engager une initiative européenne de croissance.
Je serai avec François Hollande les 4 et 5 décembre au Congrès du SPD à Berlin. C’est ce message de progrès européen que notre candidat enverra à nos amis allemands. Il existe une alternative à la politique de Nicolas Sarkozy, c’est celle de François Hollande et du Parti Socialiste. Il existe une alternative à la politique d’Angela Merkel, c’est celle de Sigmar Gabriel du SPD. En 2012 et en 2013, Français et Allemands auront la possibilité de donner un nouveau cours à nos pays respectifs et, partant de là, à l’Europe.
Socialistes et sociaux-démocrates, nous allons tout donner en campagne pour que ce projet devienne réalité. Il en va ni plus, ni moins de l’avenir des peuples européens et de notre communauté de destins.
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