J’ai effectué les 11-13 avril un déplacement à Brême et à Hanovre. A Brême, j’ai inauguré la salle des tous petits de l’Institut français, dont la construction a été financée par ma réserve parlementaire. Je tenais à être présent pour son ouverture. C’est dès l’enfance qu’une langue doit s’apprendre. Nos enfants sont des éponges : ils maîtrisent les langues étonnement vite. Parler plusieurs langues sera pour eux de plus en plus l’une des conditions essentielles d’un parcours de vie réussi, personnellement comme professionnellement. Toutes les médiathèques de nos Instituts ont un rayon pour le jeune public, souvent bien fourni, mais il arrive parfois que manque encore dans l’un ou l’autre des Instituts un coin pour la jeunesse, avec tables, chaises et jeux. Un coin où les petits puissent se détendre et apprendre. C’était le cas à Brême. Lors d’une précédente visite au printemps 2014, j’avais proposé à la directrice de l’Institut Nadège Le Lan de mettre au pot la somme nécessaire permettant d’aménager une salle dédiée à la jeunesse. Je l’ai inaugurée avec son successeur Philippe Wellnitz.
Lors de cette inauguration, j’ai pu rencontrer le Président du Landtag de Brême Christian Weber. J’avais échangé un peu plus tôt à l’Hôtel de ville avec Ulrike Hiller, plénipotentiaire en charge des relations avec le Bund et l’Union européenne. Brême possède une riche histoire commerçante et politique. C’est aussi une ville-Etat qui, aujourd’hui, affronte un contexte économique contrasté. Brême est en effet marqué par la crise de l’acier, qui affecte lourdement le tissu industriel et l’emploi. Le taux de chômage y dépasse les 10% et il est plus élevé encore à Bremerhaven, seconde commune située à l’embouchure de la Weser. Cependant, la ville dispose d’atouts majeurs grâce des entreprises performantes comme Mercedes, dont la plus grande usine au monde se trouve à Brême, ou bien encore Airbus et OHB dans l’aéronautique et l’espace. Brême sait aussi pouvoir compter sur son port et les importantes activités de transport et logistique qui en découlent. Je me suis rendu à Airbus et y ai rencontré à l’issue de ma visite, consacrée aux satellites et lanceurs, plusieurs compatriotes travaillant sur ce site, qui emploie plus de 4.000 personnes.
A l’Institut français, j’ai tenu une permanence, puis une réunion de compte-rendu de mandat. L’enseignement a été au cœur des échanges. Je suis heureux que l’obtention du label France Education apporte une aide déterminante à l’école interculturelle de Brême, où sont scolarisés de nombreux petits Français. Je m’y étais rendu en 2014, lorsque se posait la question du type de soutien de la France à l’école. Le label France Education est un instrument souple permettant de distinguer un établissement local développant un enseignement bilingue de qualité. L’appui à l’école interculturelle est fondamental pour notre communauté, forte de près de 1.000 compatriotes. J’ai pu par ailleurs faire la connaissance du nouveau Consul honoraire de France Christoph Meier, en poste depuis l’an passé. Monsieur Meier, dont le père fut aussi Consul honoraire de France, dirige le groupe Eggers & Franke, second importateur allemand de vins et spiritueux. L’agence consulaire est ouverte entre 9 et 12 heures le mardi, le mercredi et le jeudi au siège de l’entreprise. Brême compte 45 Consuls honoraires et c’est une chance pour la France de disposer en Christoph Meier d’un Consul, dont le soutien à l’Institut, à l’école et à la DFG est unanimement reconnu.
Hanovre était la seconde étape de mon voyage. A la Metropolregion, qui abrite l’antenne de l’Institut français, j’ai retrouvé avec plaisir le directeur Raimund Nowak et Laure Dréano-Mayer. Francine Kynast, assistante du Consul honoraire Eckard Forst, était présente aussi. C’est à la Metropolregion que je tiens à chacune de mes visites une permanence et une réunion de compte-rendu de mandat. Ce fut le cas cette fois-ci encore, avec des échanges qui, comme la veille à Brême, auront principalement porté sur la fiscalité franco-allemande, les prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine, les certificats de vie, le bilinguisme et le service public français à l’étranger. S’y sont ajouté des questions sur la déchéance de nationalité et sur la réforme du droit du travail. J’ai découvert avec intérêt l’ensemble des initiatives et réalisations de la Metropolregion dans le domaine de l’e-mobilité, sujet sur lequel travaillent Raimund Nowak et ses collaborateurs depuis plusieurs années, en lien avec d’autres collectivités européennes, dont Bordeaux et Saint-Etienne en France. J’ai accompagné Raimund Nowak dans une sortie improvisée au volant de la Twizy, la voiture électrique de Renault. Une petite infidélité faite à Volkswagen, dont la région de Hanovre, Wolfsburg et Braunschweig est le cœur historique !
Hanovre, comme Brême, compte quelque 500.000 habitants. Hanovre est une ville qui connaît une importante croissance démographique. De nouvelles familles s’y installent chaque année. Des équipements nouveaux (routes, logements, écoles) y sont en construction. J’ai visité les nouveaux locaux des Petits Gaulois, qui regroupent une crèche et un jardin d’enfants francophones. J’avais connu les Petits Gaulois dans leur précédente implantation, moins moderne et spacieuse que celle d’aujourd’hui. Hommage doit être rendu à cette initiative parentale de plusieurs années déjà, soutenue par la ville de Hanovre et le Land de Basse-Saxe, qui accueille quelque 80 enfants âgés de un an à six ans. Les Petits Gaulois sont labellisé Elysée 2020, signe de qualité et aussi d’engagement. Une coopération existe avec une école élémentaire située à proximité, offrant aux enfants une certaine continuité avec 4 heures hebdomadaires de français, ainsi que la pratique du sport et des arts plastiques dans notre langue. Plus de 1.000 Français vivent à Hanovre. Cette offre en français depuis la petite enfance est essentielle pour eux.
Au-delà de l’école élémentaire, la scolarité vers l’AbiBac peut être poursuivie à la Käthe Kollwitz Schule. Je m’y suis rendu avec Laure Dréano-Mayer, rencontrant durant plus d’une heure les lycéens des 10ème et 11ème classes sur le thème de l’engagement public. J’ai été impressionné par leur niveau de langue et leur maturité, à l’instar de ce que j’avais pu ressentir à Düsseldorf et à Leipzig le mois passé pour le prix du lycéen. Les vies politiques allemande et française sont marquées de différences, que la culture et l’histoire expliquent. Pour autant, l’engagement au service de la chose publique procède souvent des mêmes causes. J’ai pu ainsi expliquer combien le combat pour l’égalité des chances fonde ma démarche citoyenne et mon action parlementaire. Je suis revenu également, interrogé par les lycéens, sur l’influence de Pierre Mendes France et de Michel Rocard dans mon éveil politique. Et j’ai affronté la question, nécessairement dérangeante, sur le pas de côté français dans l’accueil des réfugiés. L’incompréhension et la déception de nos amis allemands à ce propos est légitime. Je ne comprends pas la position de la France. Nous devons nous engager davantage.
L’accueil des réfugiés aura été à Brême et à Hanovre au centre de mes conversations avec les autorités municipales. Je suis reconnaissant au premier vice-maire de Hanovre, Thomas Hermann, de m’avoir reçu. Hanovre accueille actuellement plus de 5.000 réfugiés. La proportion est sensiblement la même à Brême. Des efforts considérables sont consentis par la ville en termes de logement, de soutien social, d’enseignement de l’allemand et de formation. Ces efforts sont partagés avec nombre d’associations comme également de citoyens qui, individuellement, offrent leur aide. Tout cela ne se sait qu’insuffisamment en France. Derrière les tensions, qu’il ne s’agit certes pas de nier, existe un élan de solidarité qui ne se dément pas et qu’il faut faire connaître chez nous. La réponse à la crise des réfugiés ne peut être le cœur sec ou le doigt accusateur. Il a été fait procès injustement à la Chancelière Angela Merkel, en particulier en France, d’avoir mis l’Europe en danger. J’ai le sentiment au contraire que la Chancelière a su exprimer, à un moment critique de l’histoire européenne, la permanence des valeurs de solidarité portées par les pères fondateurs de l’Europe, au premier rang desquels figurait Konrad Adenauer.
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