Je me suis rendu à Erfurt et Leipzig les 17-18 mars. Près de 600 Français vivent en Thuringe, notamment dans la capitale Erfurt, mais également à Iéna et Weimar, deux villes de belle et longue tradition universitaire. A Erfurt, j’ai rencontré la Consule honoraire Bärbel Grönegres dans les locaux de l’Office de tourisme du Thuringe, qu’elle dirige depuis bientôt 20 ans. Ces locaux font partie de l’histoire allemande car c’est en effet depuis la fenêtre du bureau qui est aujourd’hui celui de Madame Grönegres que Willy Brandt s’était adressé au peuple d’Erfurt lors de sa visite en RDA en 1970, la première d’un Chancelier ouest-allemand. Madame Grönegres est une précieuse ressource pour nos compatriotes en Thuringe, qui l’interrogent sur diverses formalités administratives et parfois aussi sur l’accès à l’emploi dans le Land. Dans ses responsabilités de Consule honoraire, elle assure également la représentation de notre pays à l’occasion d’évènements dans le Land.
La Thuringe est un Land d’une grande richesse culturelle. La France y est présente au titre de l’Institut français, représenté par Marc Sagnol. Hébergé au sein de la Chancellerie d’Etat, Monsieur Sagnol a aussi pour responsabilité de conseiller le gouvernement du Land et le Landtag pour les relations franco-allemandes. La Thuringe est jumelée avec la région Picardie, aujourd’hui intégrée dans la grande région récemment baptisée Hauts-de-France. Plusieurs villes françaises, parfois depuis le temps de la RDA, sont jumelées avec des villes de Thuringe, comme Aubervilliers avec Iéna et Saint-Denis avec Gera. L’Institut français assure une belle programmation culturelle. La romancière Albena Dimitrova donnait ainsi une conférence à Erfurt le soir de ma visite. Et dans quelques jours, lors des semaines Bach, c’est la jeune pianiste française Amandine Savary qui se produira à Eisenach.
J’ai tenu une réunion publique de compte-rendu de mandat au centre d’information européenne d’Erfurt. Ce fut l’occasion de revenir en particulier sur plusieurs questions fiscales et de droit de la famille, essentielles pour de nombreux compatriotes en Allemagne. J’ai présenté également les premiers enseignements du travail que je mène depuis quelques semaines sur la diversité de règles européennes en matière de transmission des noms patronymiques, de même que les propositions que je ferai au printemps dans mon projet de rapport pour le Conseil de l’Europe sur les diasporas européennes et leurs réseaux dans les domaines culturels et éducatifs. Je crois beaucoup à la force des initiatives parentales pour mettre sur pied, là où aucune solution d’enseignement bilingue n’existe, des animations enfantines dans la langue du pays d’origine. Garder le lien avec la langue et la culture est une condition d’intégration.
A Leipzig, j’ai retrouvé avec plaisir le Consul honoraire Harald Langenfeld, directeur de la Sparkasse. L’engagement de Monsieur Langenfeld au service de notre communauté est essentiel, en particulier dans le cadre du programme Franz de la ville de Leipzig, qui soutient une importante section française depuis la Kita et l’école élémentaire Pablo-Neruda jusqu’au Anton-Philipp-Reclam Gymnasium. Avec l’Ambassadeur de France en Allemagne Philippe Etienne et le directeur des Instituts français de Leipzig et Dresde Marc Tailpied, j’ai visité l’ensemble de ces locaux scolaires, rencontrant la direction des établissements et plusieurs enseignants, dont Cécile Bonnamy, une compatriote, ainsi que plusieurs élèves préparant l’AbiBac. Le Reclam Gymnasium a obtenu récemment le label France Education, signe de la qualité de l’enseignement qui y est dispensé dans notre langue et de la volonté de la France de le soutenir.
Leipzig connaît aujourd’hui une forte croissance économique et démographique. Dans les années suivant la chute du Mur, avec la disparition de nombreuses activités économiques, la ville avait perdu plus de 100.000 emplois industriels et une part importante de sa population. Ce mouvement s’est renversé. En un peu moins de 10 ans, le taux de chômage est passé de 23% à 9%, à la faveur d’investissements importants qui ont notamment vu BMW installer à Leipzig toute la production de ses séries 1 et 3 ainsi que de ses voitures électriques et Porsche y développer une usine d’où sortent désormais quelque 60% de l’ensemble de ses véhicules vendus dans le monde. C’est également à Leipzig que s’est installé DHL, jouissant d’une liberté de décollage et d’atterrissage pour ses avions chaque jour de la semaine et 24 heures sur 24. Par ailleurs, un tissu de PME innovantes contribue aussi au dynamisme économique. Pour ces raisons, il est important pour la France d’être active à Leipzig sur l’offre d’enseignement et par l’Institut français. Plus de 1.700 Français vivent en Saxe.
Avec l’Ambassadeur Philippe Etienne, je me suis rendu au Salon du Livre, l’un des plus importants évènements chaque année à la Messe de Leipzig. J’y ai assisté à la finale du 12ème Prix des lycéens allemands, une manifestation inspirée du Prix Goncourt des lycéens et organisée par l’Institut français d’Allemagne en partenariat avec les éditions Klett. Cette année, ce sont près de 3 .000 jeunes qui, dans chacun des 16 Länder, ont pris part à ce prix, échangeant en français sur les mérites comparés de 4 romans de jeunesse proposés à leur lecture. Le mois passé à Düsseldorf, j’avais été le témoin passionné de la finale des jeunes de Rhénanie du Nord – Westphalie. Leur maîtrise de la langue française, leur qualité d’expression et la force de leurs arguments m’avaient beaucoup impressionné. J’ai tenu à leur rendre hommage dans mon intervention lors de la cérémonie, rappelant que l’amour des livres dure toute une vie, qu’il est contagieux et que la lecture construit la paix. Voici, grâce à mon ami Heiner Wittmann, animateur du Frankreich blog, la vidéo de cette intervention (cliquez ici).
J’aimerais imaginer une suite pour chacun de ces 16 jeunes qui, chaque année, choisis par leurs camarades à l’issue d’un vote, représentent leur Land à Leipzig. Les crédits sont rares et le sponsoring difficile à obtenir, mais ne serait-il pas possible d’imaginer un voyage pour eux à Paris après Leipzig, au contact des auteurs des 4 romans de jeunesse, avec les visites symboliques de lieux de littérature comme l’Académie française, la Sorbonne ou une grande maison d’édition ? Et un passage bien sûr par la bibliothèque de l’Assemblée nationale. Il faudrait y réfléchir. Ce serait l’occasion aussi d’envisager le développement d’un prix équivalent en allemand pour les lycéens français. Le plus important à Leipzig : c’est le roman de Claire Mazard intitulé « Une arme dans la tête » que les finalistes du Prix des lycéens allemands ont choisi de distinguer cette année. Ce roman raconte l’histoire émouvante d’un adolescent africain, ancien enfant soldat drogué et manipulé par un groupe militaire dans son pays, qui tente en France de reconstruire sa vie.
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