Comment réagir à l’assaut des commandos de la marine israélienne contre les six bateaux de la flottille humanitaire pour Gaza hier matin sinon que par la condamnation la plus indignée ? L’assaut, intervenu dans les eaux internationales et à ce titre en violation du droit, a fait dix morts et plusieurs dizaines de blessés parmi les passagers. S’il était improbable que la flottille, qui transportait plus de 600 personnes ainsi que du matériel de construction et de santé, puisse accoster dans la bande de Gaza, sa présence permettait cependant d’attirer l’attention sur le blocus inhumain imposé par Israël (et aussi par l’Egypte) depuis plus de trois ans à 1,5 million de personnes vivant dans des conditions de dénuement extrême. Le territoire ne survit que grâce à l’aide alimentaire internationale et plus de 80% de la population se trouve désormais sous le seuil de pauvreté. C’est un drame qui se joue un peu plus chaque jour et que les évènements d’hier éclairent malheureusement de la pire des manières.
Les protestations des chancelleries contre la disproportion de l’assaut et sa brutalité ne sont pas suffisantes. C’est au blocus même de Gaza qu’il faut s’en prendre. Aucun processus de paix partagé ne naîtra de l’impasse politique, militaire, stratégique que les évènements d’hier illustrent. Et de l’humiliation infligée, au-delà des vies perdues, à un peuple et à ses jeunes générations. Cette humiliation, conjuguée à la souffrance, précipite dans les bras du terrorisme une jeunesse qui pourrait au contraire s’ouvrir à l’autre si une logique de dialogue prévalait. Le gouvernement israélien se fourvoie en maintenant le blocus et choisissant l’escalade de la violence. Par ce choix, c’est le Hamas et les éléments les plus extrêmes qu’il renforce. Aucune forteresse, fut-elle solidement protégée militairement et politiquement, ne garantit une paix durable, encore moins l’échange entre les peuples et le développement partagé de la région.
Aux protestations, il faut ajouter une vigoureuse action diplomatique. Il est important que la France, dans le cadre européen et avec l’administration Obama, pèse par tous les moyens qu’elle a en sa disposition sur un gouvernement israélien désormais en difficulté afin de l’amener à une révision de sa position. La porte est étroite, certes, mais la modération notable de la réaction de l’Autorité palestinienne hier montrait aussi de la part de Mahmoud Abbas, outre le souci de ne pas voler au secours du Hamas en des temps pré-électoraux, une volonté de ne pas gâcher l’essai de reprise du processus de paix initié avec chacune des parties par les Etats-Unis. Il importe de ne pas laisser l’engrenage de la violence embraser plus encore la région et de retrouver un chemin de paix.
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