“La République contre Nicolas Sarkozy”, ce pourrait être l’intitulé d’un procès. Peut-être que ce le sera d’ailleurs un jour, encore que le meilleur des dénouements dans une crise politique reste le verdict du peuple lors de l’élection présidentielle. Le Président est en campagne et les fidèles Hortefeux et Estrosi, comme dans les courses de fond, lui servent de lièvres. Sont-ils pourtant dans le tempo ou même dans la bonne course ? Non, si l’on croît de toutes ses fibres, de toute son âme, en les valeurs de la République.
Dresser les Français les uns contre les autres à des fins électoralistes, c’est contraire aux valeurs de la République. Pratiquer l’amalgame le plus scabreux entre l’immigration et la délinquance, cela l’est tout autant.
L’on aurait voulu croire que le fiasco du débat sur l’identité nationale à l’automne 2009 aurait servi de leçon. Il n’en a rien été. Au contraire, le même mauvais disque repasse et il est sacrément rayé.
« La République contre Nicolas Sarkozy », c’est une révolte contre les renoncements, les reniements, les trahisons à une tradition et un idéal qui viennent de loin. Notre République s’est construite au gré de combats glorieux, de révolutions, de votes pour l’émancipation, la fraternité et l’égalité. Elle est la réunion de millions de femmes et d’hommes qui, au-delà de leurs origines, conditions et différences, se reconnaissent dans le vivre ensemble. Des millions de femmes et d’hommes, invariablement Français avec les mêmes droits et devoirs. Elle est l’affirmation d’une communauté de valeurs au cœur de la vie nationale, mais aussi dans le concert des nations.
Jamais la République que nous chérissons n’aurait affirmé, comme Nicolas Sarkozy à Dakar, que l’homme africain n’était pas suffisamment entré dans l’histoire. Jamais n’aurait-elle, comme à Latran, osé proclamer que le rôle d’un curé dans l’apprentissage d’un enfant est plus important que celui d’un instituteur.
La République est solidaire. C’est parce que la solidarité a été passée par pertes et profits par la droite que la crise identitaire progresse en France. Que reste-il des engagements de l’Etat pour la mixité sociale, l’école, le logement, l’emploi depuis des années de gouvernement UMP ? Rien ou presque. Aucune inégalité n’est plus attaquée à la racine. La volonté n’existe pas. Les moyens financiers et humains sont partis. Chacun pour soi. Les sous dans les Hauts-de-Seine ou chez Christian Estrosi à Nice, la disette et la galère dans les banlieues, les zones rurales désertifiées, là où le service public s’en va sous prétexte de rationalisation ou, mot tant galvaudé, de modernisation. Les années Sarkozy sont les années frics, qui vénèrent l’exilé fiscal, victime d’une prétendue rage taxatoire, et pointent du doigt l’immigré, en général le musulman, qui ébranlerait l’identité nationale.
Alors oui, c’est une révolte. Solidarité, laïcité, égalité, voilà tout ce qui est à reconstruire.
A gauche, souvenons-nous que c’est lorsque Dominique de Villepin était Premier Ministre et Nicolas Sarkozy Ministre de l’Intérieur qu’a été publié le décret n°2005-1726 relatif aux passeports, qui fait de facto reposer une présomption d’usurpation de nationalité envers celles et ceux de nos compatriotes dont l’un des deux parents est né à l’étranger. Faute de pouvoir fournir la preuve qu’il/elle est/était français, plus de certificat de nationalité française et, ainsi, plus de titre d’identité sécurisé. Tout cela nous parle forcément dans les communautés françaises de l’étranger. Cela fait donc quelques bonnes années que la droite française déconstruit peu à peu les valeurs de la République.
Le réveil tardif de Dominique de Villepin ne doit pas faire illusion. C’est à gauche qu’est l’alternative et elle appelle le retour de la République.
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