Comme tant d’amoureux du cyclisme, j’ai été bouleversé par le décès cette semaine de Laurent Fignon. Son courage face à la maladie a forcé l’admiration. Fignon, c’était une gueule, un tempérament et un sacré champion. J’avais beaucoup aimé son livre « Nous étions jeunes et insouciants », paru chez Grasset en 2009 et réédité depuis par le Livre de Poche. Laurent Fignon s’y racontait sans langue de bois, entre exploits, déceptions et aussi quelques errances dont il ne cachait rien.
Il parlait d’un cyclisme empreint de panache, de volonté farouche, de galères sur la selle, à l’opposé des courses frileuses et formatées des dernières années. C’était une époque, pourtant pas trop lointaine, où un champion courait pour gagner des classiques et des courses à étapes au cours d’une saison. Ce que fit Fignon durant 12 ans de carrière. Jamais de calcul, toujours de l’offensive et parfois un zeste d’épopée.
Ce que j’appréciais le plus chez lui, coureur comme plus tard consultant TV, c’était la franchise. Il y a quelques semaines, alors qu’il commentait son dernier Tour, Laurent Fignon avait fustigé cette amitié que proclamaient Alberto Contador et Andy Schleck l’un pour l’autre étape après étape, annihilant finalement toute véritable attaque et conduisant les deux coureurs à passer bras dessus bras dessous la ligne d’arrivée au sommet du Tourmalet. Que n’avait-il raison ! Le vélo, c’est la volonté de gagner, non la peur de perdre.
Pour gagner, il faut oser prendre des risques, s’exposer à la défaillance. C’est dans la bataille que se construit le respect et le plus bel hommage rendu à Laurent Fignon cette semaine aura été de ce point de vue celui de Bernard Hinault. Le Blaireau, dur avec ses adversaires, avait su reconnaître en Laurent Fignon un combattant comme lui. Et, le vélo raccroché, ils étaient devenus amis.
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