Au-delà de la nomination de David Douillet au gouvernement et du médiocre coup politique qu’elle constitue, il est utile de se poser la question de savoir s’il faut un Secrétariat d’Etat aux Français de l’étranger. S’il s’agit de flatter la corde sensible, en particulier avec la louche de démagogie qui accompagne tout exercice électoraliste, la réponse est assurément oui.
Peu importe finalement que nous nous trouvions dans la dernière année du quinquennat et que les résultats de la politique de Nicolas Sarkozy dans les communautés françaises à l’étranger relèvent plus du sinistre qu’autre chose.
Ce Secrétariat d’Etat n’est ni plus ni moins qu’un effet d’annonce. Car sans répartition des compétences entre le Ministre des Affaires Etrangères et le Secrétaire d’Etat, sans définition claire des objectifs, missions et moyens de ce dernier, sans un Euro de budget, ce portefeuille ne sert à rien du point de vue de l’intérêt général. En clair, David Douillet sera Secrétaire d’Etat à la propagande de l’UMP à l’étranger et accomplira pendant un an aux frais des contribuables de confortables et lointaines missions pour glaner des voix.
Méfions-nous des fausses bonnes idées et autres usines à gaz institutionnelles, électoralistes ou non. C’est moins tant un improbable Secrétariat d’Etat qu’il faut aux Français à l’étranger qu’une politique ambitieuse, dotée d’objectifs clairs et d’un financement pérenne. Les sujets sur lesquels il convient d’agir ne relèvent pas en effet de la seule dynamique du Quai d’Orsay, mais aussi de l’Education Nationale, de la Formation Professionnelle, de la Culture, des Affaires Sociales, de la Justice, de la Famille et des Affaires Européennes. Rien que cela ! C’est une lourde coordination qu’il faut conduire pour, entres autres urgences, redresser le réseau consulaire, diversifier l’offre éducative tout en consolidant le réseau d’enseignement, venir en aide à nos compatriotes en difficulté et assurer la sécurité de chacun.
Travailler en solo depuis le Ministère des Affaires Etrangères ne résoudra rien, au contraire. Promouvoir le besoin d’action publique auprès des Français de l’étranger, s’engager et agir, est fonction d’un arbitrage politique portant sur les priorités du projet gouvernemental. Pas d’un Secrétariat d’Etat. Je préfère le travail de long terme, modeste et cependant solide, au leurre de l’affichage politique creux et sans lendemain.
« Français à l’étranger, Français à part entière », cela ne veut pas dire Secrétariat d’Etat aux Français de l’étranger. Cela veut dire réforme de l’Etat, objectif transversal qui doit figurer au premier plan d’un contrat de gouvernement. La réforme de l’Etat est en effet urgente tant la disparition de l’intérêt général et l’obsession de la sacro-sainte RGPP ces dernières années ont ravagé et, pire, décrédibilisé des pans entiers de l’action publique.
Quitte à faire vieux jeu dans l’ordre libéral des choses, je revendique la culture de la planification, cette « ardente obligation » qui a su contribuer à la modernisation de notre pays sans jamais se départir du souci de justice. Planifier, c’est établir des priorités et bosser, bosser, bosser. Je revendique aussi la culture du résultat, fondée sur un échéancier et des rapports d’étape. Ce n’est pas dans le happening permanent que se construit le progrès, mais par la volonté et la cohérence dans l’action.
Les Français à l’étranger méritent bien mieux qu’un Secrétariat d’Etat.
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