Un communiqué de presse de l’Ambassade de France en Autriche m’a appris cette semaine la vente du Palais Clam-Gallas et l’installation de l’Institut français dans de nouveaux locaux achetés au numéro 38 de la Praterstrasse. Pour avoir beaucoup lutté et argumenté sur le devenir du Palais depuis près de 2 ans (lire ici), j’aurais aimé que cette décision, dont je prends acte avec grand regret, me soit communiquée plus personnellement et avec les détails que j’ai entrepris depuis lors de solliciter par question écrite auprès du Ministre des Affaires étrangères, faute d’avoir pu les trouver dans les lignes du communiqué de presse. Je pense notamment aux multiples conséquences de la vente du Palais pour les élèves du Lycée français, au traitement des personnels qui travaillent au Palais Clam-Gallas et en particulier aux agents recrutés locaux, à l’ambition culturelle de la France en Autriche et aux budgets consacrés à l’Institut dans ses nouveaux murs.
Depuis des décennies, le Palais Clam-Gallas aura été la France pour tant et tant de Viennois, francophones ou francophiles. Le voir partir est un crève-cœur pour nous tous. Sans doute cette dimension affective peut-elle apparaître décalée lorsque l’Etat, à la recherche d’économies, met en vente l’un ou l’autre de ses biens. Il n’en reste pas moins que la balayer d’un revers de main est une erreur. L’on avait pu le voir à Berlin avec la Maison de France en 2013. Le Palais Clam-Gallas n’aura finalement pas été sauvé, à l’inverse de la Maison de France. Ce n’est pourtant pas la mobilisation qui aura fait défaut à Vienne. Je regrette qu’elle n’ait pas été entendue. Je regrette aussi de n’avoir jamais reçu les chiffres et simulations du regroupement au Palais de tous les services de l’Etat épars dans Vienne, hors Ambassade bilatérale, que j’avais proposé comme alternative à la vente.
Il y a des citoyens, des usagers, des élus, des passionnés qui se préoccupent de l’avenir de la présence culturelle française en Autriche. Il faut les entendre et les écouter. Il faut aussi les solliciter. J’engage l’Etat à le faire. Il y a de la tristesse et des regrets, de la colère sans doute aussi. En tenir compte est nécessaire. Par ailleurs, je ne peux que confier, au-delà du principe de la vente, mon incompréhension quant à l’identité de l’acheteur du Palais Clam-Gallas. La lecture l’an passé d’un livre d’investigation sur le Qatar, intitulé « Une France sous influence, quand le Qatar fait de notre pays son terrain de jeu », m’avait beaucoup ébranlé. J’aurais aimé que le nouvel propriétaire du Palais Clam-Gallas ne soit pas le Qatar. Je reste en tout état de cause déterminé à défendre l’Institut français en Autriche, ses usagers et ses personnels. Je ferai connaître, dès qu’elle me parviendra, la réponse du Ministre des Affaires étrangères à ma question écrite déposée en cette fin de semaine et dont le texte suit :
M. Pierre-Yves Le Borgn’ attire l’attention de M. le Ministre des Affaires étrangères et du développement international sur les conséquences de la vente annoncée le 11 novembre 2015 du Palais Clam-Gallas, abritant l’Institut français à Vienne (Autriche), qui sera relocalisé dans de nouveaux locaux achetés dans un autre arrondissement de la ville. Il souhaite connaître le montant de la vente du Palais Clam-Gallas et le coût total de l’acquisition et de l’aménagement du nouveau site de l’Institut. Il sollicite toutes les informations quant aux conséquences de la vente du Palais Clam-Gallas pour le Lycée français de Vienne, situé sur la même emprise que le Palais, et aux arrangements qui ont été convenus à cette fin avec l’acquéreur. Il demande un état précis des conséquences de la vente et de la relocalisation de l’Institut pour ses personnels, en particulier pour les agents recrutés locaux. Enfin, il requiert une présentation sur la politique culturelle de la France en Autriche consécutive à la vente du Palais Clam-Gallas et à l’installation de l’Institut dans de nouveaux locaux.
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