J’ai visité ce vendredi les services de placement transfrontalier de Sarrebruck et de Sarreguemines en compagnie du Ministre du Travail François Rebsamen, de son homologue allemande Andrea Nahles et du Secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Harlem Désir. Le service de placement transfrontalier est issu d’une convention signée le 15 novembre 2013 entre les services publics de l’emploi sarrois et lorrain. Il symbolise l’engagement des deux régions, mais aussi de la France et de l’Allemagne en faveur de la mobilité des travailleurs. Tous les jours, près de 18 000 Français passent la frontière pour venir travailler en Sarre. Ils sont également 5 000 à le faire vers le Palatinat tout proche. Dans la grande région européenne comprenant la Sarre, le Palatinat, la Lorraine, le Luxembourg et la Wallonie, le nombre de travailleurs frontaliers dépasse les 200 000, représentant le quart des frontaliers de toute l’Union européenne.
Nous nous sommes rendus au siège de la Bundesagentur für Arbeit à Sarrebruck, puis à l’agence de Pôle Emploi de Sarreguemines pour deux tables rondes avec les personnels et les demandeurs d’emplois. Sur le seul premier semestre 2014, les objectifs de placement assignés pour cette première année d’exercice sont déjà presque atteints. Lorsque l’on y ajoute les résultats du bureau commun de Pôle Emploi et de la Bundesagentur für Arbeit à Kehl, ce sont ainsi plus de 400 placements franco-allemands qui ont été matérialisés depuis janvier 2014, un premier bilan très appréciable au regard de la conjoncture économique difficile en France. Le conseil des personnels aux candidats y est pour beaucoup. Un curriculum vitae, pour ne prendre que cet exemple, ne se rédige pas de la même manière en France et en Allemagne. De la même manière, les entretiens se déroulent différemment et doivent donc se préparer en conséquence.
Des obstacles à la mobilité dans l’espace transfrontalier demeurent cependant. C’est le cas en particulier pour la reconnaissance des diplômes français sanctionnant des études supérieures courtes (types BTS et DUT), qui n’ont pas d’équivalent en Allemagne. C’est vrai aussi pour la valorisation des périodes de formation professionnelle. Ce sont là des sujets essentiels sur lesquels le travail entre autorités françaises et allemandes doit clairement être approfondi. La maîtrise de la langue du partenaire est également une condition de succès pour l’accès à l’emploi de l’autre côté de la frontière. Le gouvernement régional de Sarre s’est doté d’un programme ambitieux en faveur de l’apprentissage de la langue française. Du côté français, nous sommes en retard et ce retard doit être comblé, notamment par l’offre de cours de mise à niveau en allemand professionnel et technique, en phase avec les exigences des entreprises et du marché.
Une part des discussions a porté sur le régime de la formation en alternance, l’une des forces de l’Allemagne. La formation en entreprise reste bien trop faible en France. Elle est également mal comprise et valorisée, alors même qu’il s’agit, pour une part importante des jeunes, de la condition d’entrée sur le marché du travail. Des progrès doivent être faits chez nous en matière d’immersion de ces jeunes. L’attractivité du marché allemand et des entreprises installées en Sarre peut y conduire. Les tables rondes et interviews auront permis aussi d’aborder, cette fois-ci du côté allemand, un projet qui pourrait freiner la mobilité transfrontalière : l’instauration d’une vignette automobile sur le réseau allemand pour tous les conducteurs, même de l’étranger, et déductible fiscalement en Allemagne. Si ce projet devait voir le jour et s’appliquer à toutes les routes, il serait alors un obstacle indéniable pour l’accès à l’emploi alors même qu’il faudrait au contraire intensifier le transport sur la frontière, en particulier par le tramway depuis Sarreguemines et Forbach.
Ce sont autant de sujets qui seront dans les mois prochains au cœur des discussions franco-allemandes, auxquelles je serai associé. Je suivrai avec attention la réforme annoncée du projet EURES de plateforme européenne dédiée au partage de l’information, à la coopération renforcée entre Etats membres frontaliers, et à l’accompagnement des demandeurs d’emploi dans leurs projets de mobilité. Je recevrai en septembre à l’Assemblée nationale la Ministre-Présidente de la Sarre, Annegret Kramp-Karrenbauer, et visiterai également cet automne le bureau commun de Pôle Emploi et la Bundesagentur für Arbeit à Kehl.
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