En sortant du métro ce matin à Paris, j’ai pris le chemin de l’Assemblée Nationale. Non pas pour passer devant, en route comme toujours vers une autre destination, mais cette fois pour y entrer. En député. C’était ma rentrée de nouveau parlementaire. Je ressentais depuis le réveil un mélange d’appréhension et de fierté, la gorge serrée par un fond d’émotion. Un peu comme à mon entrée au lycée il y a si longtemps. Tourment et bonheur d’y être. J’avais attendu ce jeudi pour vivre ce moment particulier, soucieux d’éviter la cohue et le stress médiatique du début de semaine. Désireux aussi de faire ces premiers pas au Palais Bourbon calmement et intensément.
La première étape aura été de convaincre les gardes à l’entrée de l’Assemblée Nationale que je n’étais pas un touriste ou un aimable plaisantin. Vous êtes député ? La question, doucement formulée, traduit une certaine surprise. Je ne dois pas encore avoir tout à fait le look de l’élu! A travailler. Puis, identité dûment établie, c’est le passage par une petite tente où un appariteur en livrée me prend en charge, me conduisant vers les premières étapes de mon parcours initiatique. Etablissement de la carte de député, découverte des conditions matérielles d’exercice du mandat, information sur les indemnités et récupération de la précieuse mallette, avec l’écharpe et la cocarde.
De l’Assemblée Nationale, je ne connaissais que quelques salles de réunion dans de profonds sous-sols. Etudiant à Science-Po il y a plus de 25 ans, j’avais assisté deux fois à une session depuis les tribunes du public. Le reste, c’était à la télévision. C’est dire que ma marche dans les couloirs du Palais Bourbon avait valeur d’exploration. L’émotion, c’est en entrant dans l’hémicycle que je l’ai ressentie. Je me suis assis sur un banc, face à la tribune, revoyant le discours de Robert Badinter sur l’abolition de la peine de mort. J’ai pensé aux grands hommes de mon Panthéon: Jaurès, Blum, Mendès France, Mitterrand. J’ai pensé à mon équipe de campagne, qui a tant œuvré pour je sois là. Et j’ai pensé aux miens.
Dans l’hémicycle, j’ai retrouvé Matthias Fekl, député du Lot-et-Garonne et ancien élève du Französisches Gymnasium de Berlin. Puis Philip Cordery, député des Français du Benelux. Et Barbara Romagnan, toute nouvelle députée du Doubs. J’ai posé pour la photo sur fond de fauteuils rouges. A proximité de la petite plaque rappelant où s’asseyait François Mitterrand durant ses décennies de vie parlementaire. L’hémicycle était calme et vide. Il le sera moins la semaine prochaine lorsque nous participerons à notre première séance et élirons le Président de l’Assemblée Nationale. Là aussi sans doute, ce sont quelques frissons qui me parcourront l’échine en songeant aux plus grands débats politiques que cet hémicycle a abrité. Souffle de l’histoire. Et devoir de résultat en ces temps difficiles pour notre pays.
Dans l’après-midi, avec Axelle Lemaire, Corinne Narassiguin, Daphna Poznanski, Philip Cordery et Pouria Amirshahi, autres députés des Français de l’étranger, nous avons assisté à notre première réunion du groupe parlementaire socialiste. Pour élire Bruno Le Roux à la tête du groupe et Claude Bartolone comme candidat à la Présidence de l’Assemblée Nationale. J’ai aussi fait part de mes choix de commission. Ma préférence va à la Commission des Lois ainsi qu’à la Commission des Affaires Européennes. Et j’ai parlé des bureaux parlementaires. Les députés PS de l’étranger seront les uns à côtés des autres dans l’immeuble Jacques Chaban-Delmas, rue de l’Université. Nous travaillerons étroitement ensemble. Il y a tant à faire. Pour cela, un pack uni est toujours meilleur que des trajectoires solitaires. Le nôtre est solide, combatif et joyeux.
Voilà ce qu’aura été ma première journée à l’Assemblée, entre émotion et responsabilité. Demain aura lieu la réunion de l’Assemblée des Français de l’étranger et la première rencontre avec notre toute nouvelle Ministre et amie Helene Conway. Le travail démarre. Tant mieux. Dès le 2 juillet, ce sera la session extraordinaire voulue par le Président François Hollande pour mettre en musique législative les projets les plus urgents. Le changement est en marche, enfin !
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