J’ai rencontré hier matin à l’Ambassade de France à Berlin les trois membres de la mission du Ministère des Affaires Etrangères mise en place la semaine passée suite à la mobilisation suscitée par l’annonce impromptue de la vente de la Maison de France et de la relocalisation de l’Institut culturel au sein de l’Ambassade. Je leur ai fait part de mes nombreuses interrogations face à une décision largement incompréhensible en cette année de célébration des 50 ans du Traité de l’Elysée ainsi qu’au regard de l’attachement à la Maison de France de milliers de Berlinois, allemands comme français, depuis des décennies.
J’ai regretté l’absence d’appréciation stratégique sur la relocalisation de l’Institut à l’Ambassade, un tout autre quartier que celui de la Maison de France. La Pariserplatz est éloignée des lieux de vie et de création de Berlin. Les bâtiments de l’Ambassade apparaissent peu ou pas adaptés à l’accueil d’un Institut culturel de taille importante, dont le nombre d’élèves a augmenté de près de 40% en 5 ans et les emprunts à la médiathèque ont presque doublé sur la même période. J’ai exprimé également ma vive inquiétude quant à l’avenir du cinéma Le Paris, que la vente de la Maison de France fragilisera à tout le moins. Il s’agit du seul cinéma francophone de Berlin et il doit être protégé.
La décision de vente et de relocalisation requiert de mon point de vue une étude d’impact précise et chiffrée. Je n’en ai pas vu et le regrette. Quel produit espère-t-on de la vente de la Maison de France ? Quelle est la valeur estimée de l’immeuble par les professionnels de l’immobilier à Berlin ? Quel est le coût des travaux nécessaires pour faire entrer l’Institut culturel de manière optimale pour ses activités et son développement dans les murs de l’Ambassade ? Des plans d’aménagement existent-ils déjà ? Combien restera-t-il du produit de la vente de la Maison de France lorsque les travaux d’aménagement auront été réalisés et payés ? Ce sont, je crois, des questions auxquelles il est urgent d’apporter réponse.
Je me suis aussi interrogé sur l’intérêt pour l’Etat de fermer et vendre la Maison de France alors même que, par le travail passionné et la rigueur de gestion des personnels, les comptes de l’Institut sont peu ou prou à l’équilibre. Cela n’a pas toujours été le cas et hommage doit être rendu aux personnels. Or, ne serait-ce pas fragiliser l’Institut que de l’exposer à de lourds coûts de fonctionnement dans les locaux de l’Ambassade ?
Les membres de la mission m’ont indiqué qu’ils remettraient leur rapport à la hiérarchie du Quai d’Orsay vendredi prochain. Je souhaite que ce rapport soit rendu public et fasse place aux interrogations légitimes soulevées par les personnes rencontrés par la mission, à commencer par les personnels de la Maison de France, les usagers, les élus à l’Assemblée des Français de l’étranger et les représentants d’association.
Je serai de retour à Berlin le jeudi 16 mai.
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