J’ai effectué le jeudi 6 mars un déplacement à Prague axé autour de notre réseau culturel, éducatif et scientifique. Celui-ci se compose de l’Institut français, de 6 Alliances françaises en région, de sections bilingues dans 4 Lycées tchèques, du Lycée français de Prague et du Centre français de recherches en sciences sociales. Les priorités de l’effort de notre pays dans ces domaines sont le soutien au développement de notre langue, la promotion de la culture française et la formation des jeunes élites tchèques. L’apprentissage du français était quasiment inexistant à la chute du communisme. Il se situe désormais, par une progression constante, à la quatrième place, derrière l’anglais, l’allemand et le russe.
Je suis allé au Lycée français de Prague (800 élèves) pour un passionnant exercice d’échange et d’instruction civique avec les écoliers de la classe de CM2b, lauréats du Parlement des enfants pour notre circonscription d’Europe centrale au titre de l’année 2014. Nous avons travaillé sur la proposition de loi préparée par les élèves sur la bonne alimentation. De nombreuses idées ont été présentées en vue de la remise prochaine par la classe de sa proposition de loi, qui traite de l’étiquetage des produits alimentaires, du développement des fast foods, de la promotion de l’exercice physique, de l’interdiction des hormones de croissance et d’apprentissage des règles de nutrition. J’ai été vivement impressionné par la passion des élèves et espère de tout cœur que leur proposition de loi triomphera.
Je me suis rendu également au Lycée tchèque Jan Neruda, prestigieux établissement ouvert en 1865, qui compte depuis 1990 une section bilingue franco-tchèque de 280 élèves (sur un total de 580). Les élèves y sont admis sur examen d’entrée. Leur scolarité commence à l’âge de 13 ans et dure un total de 6 années. Ils reçoivent 10 heures de cours de français par semaine lors des 2 premières années, avant d’étudier directement les mathématiques, la physique, la chimie, l’histoire et la géographie en français lors des 4 années suivantes. A l’issue de la scolarité, les élèves du Lycée reçoivent un diplôme intitulé « Maturité bilingue », doublé d’une mention délivrée par l’Ambassadeur de France au nom de notre Ministère de l’Education nationale, attestant qu’ils possèdent en français le niveau C1 du cadre européen en langues vivantes.
Le travail réalisé par la direction et les professeurs du Lycée Jan Neruda, parmi lesquels une professeure de littérature française détachée et deux lecteurs recrutés locaux, est remarquable. Au total, ce sont environ 800 élèves qui étudient dans les 4 sections bilingues franco-tchèques du pays. Leur scolarité est gratuite. La reconnaissance de la « Maturité bilingue » doit être renforcée au plan international afin de faciliter l’insertion universitaire des élèves et permettre à ces sections de faire utilement concurrence à plusieurs écoles privées à la certification déjà reconnue. Pourrait-on mettre sur pied un baccalauréat franco-tchèque ? L’idée mérite d’être envisagée. Il faut pour cela une réciprocité en France. Les élèves du Lycée Jan Neruda et des 3 autres Lycées tchèques concernés ont en tout état de cause largement le niveau pour passer avec succès notre baccalauréat français.
Je souhaite saluer l’engagement de notre poste diplomatique en matière d’enseignement et d’études universitaires. Un accord avec le gouvernement tchèque est en voie de finalisation sur la reconnaissance des diplômes universitaires. C’est un important développement. Chaque année, pas loin de 800 jeunes tchèques étudient en France. Notre pays est la troisième destination des étudiants tchèques en mobilité internationale. Des lycéens tchèques étudient également pendant 3 ans à Dijon (Lycée Carnot) et à Nîmes (Lycée Alphonse Daudet) grâce à des conventions passées avec les villes et collectivités régionales concernées assurant la couverture des frais d’écolage. Je regrette cependant que le retrait récent de son concours par le Conseil Régional de Bourgogne ait conduit à réduire le nombre d’élèves tchèques au lycée Carnot de Dijon.
A l’Institut français de Prague, j’ai rencontré Philippe Rusin, le directeur du Centre français de recherche en sciences sociales (CEFRES). Le CEFRES a été créé en 1991 et s’insère dans le réseau des 27 établissements scientifiques français à l’étranger. Couvrant les quatre pays de Visegrad, il assure la formation à la recherche et produit aussi de la recherche. Il organise des colloques et distribue des bourses. En un peu plus de 20 ans, près de 200 doctorants sont ainsi passés par le CEFRES. Sa présence à Prague est précieuse. La Tchécoslovaquie communiste avait lourdement abimé sa recherche en sciences sociales après 1968, la privant notamment de tout contact avec l’occident. Le CEFRES agit sous la double tutelle du CNRS et du Ministère des Affaires étrangères. Il est pour l’un un laboratoire de recherche et pour l’autre un établissement à autonomie financière.
Le dispositif du CEFRES a évolué depuis l’adhésion de la République tchèque à l’Union européenne et ses crédits ont baissé au cours des dernières années. Son avenir réside dans un partenariat étroit avec l’Université Charles de Prague et l’Académie des sciences de la République tchèque ainsi que dans l’ouverture au partenariat avec le secteur privé. Il s’agit à la fois de mutualiser les coûts et de valoriser les travaux des chercheurs soutenus par le CEFRES. L’appui du CEFRES et son intégration renforcée dans le réseau tchèque permet aussi d’européaniser davantage les travaux de recherche des doctorants en sciences sociales du pays. C’est une institution qu’il convient de faire connaître et valoriser, en Europe centrale bien sûr, mais aussi en France.
Après une rencontre avec mes amis de Français du Monde – ADFE et avec l’association Prague Accueil, j’ai achevé la journée en prenant part au dîner offert par l’Ambassadeur Jean-Pierre Asvazadourian aux Conseillers du commerce extérieur de la France, en présence de l’ancien Ambassadeur de la République tchèque en France, Pavel Fischer, un homme à l’expérience passionnante. Le déficit commercial de la France en République tchèque est d’un peu plus de 2 milliards d’Euros. La France est le 5ème partenaire économique de la République tchèque (4ème client, 9ème fournisseur et 5ème investisseur). Les investissements français s’y sont fortement développés. Près de 500 entreprises françaises sont présentes dans le pays. Nous avons échangé sur les perspectives économiques en République tchèque. Dans ce cadre, le passage régulier de membres du gouvernement français et de missions économique est à encourager.
Je tiens à remercier l’Ambassadeur de France et ses collaborateurs, le directeur de l’Institut français Olivier Jacquot, l’attaché de coopération linguistique Gérard Enjolras, le proviseur du Lycée français Christophe Laborde et Zuzana Wienerova, la directrice de la section bilingue du Lycée Jan Neruda, pour la gentillesse de leur accueil. Ainsi bien sûr que Caroline Gibon, stagiaire de l’ENA, qui m’a accompagné tout au long de la journée.
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