Photographie : Avec M. Christian David, Ministre des Roumains de l’étranger
© Ministère des Affaires étrangères roumain
Je suis revenu hier soir d’un déplacement de trois jours à Bucarest. La communauté française de Roumanie, c’est environ 5 500 personnes. Le nombre d’inscrits au registre des Français établis hors de France était de 2 887 au 1er juillet 2013, mais il est communément admis qu’il faut sans doute doubler ce chiffre pour évaluer à sa taille réelle la communauté résidente. Je pense en particulier au nombre de plus en plus important d’étudiants français inscrits dans les filières médicales francophones à Cluj (700), Iasi (100) et Arad (70). Notre communauté en Roumanie est la 6ème communauté étrangère et la 3ème de l’Union européenne, après les Italiens et les Allemands.
Pour ce premier voyage en Roumanie depuis mon élection, je suis resté à Bucarest. Je ferai au premier semestre 2014 un second déplacement qui me conduira à Brasov, Cluj et Timisoara. Il m’importait à Bucarest de prendre le temps du dialogue avec nos interlocuteurs roumains, dans le monde politique comme dans celui des médias. Pourquoi ? Parce que je regrette infiniment l’amalgame malsain fait ces dernières semaines en France de la Roumanie, des Roms et de Schengen. Ces propos dénotent tout à la fois une méconnaissance totale de ce que sont les accords de Schengen et de ce qu’est l’histoire du peuple rom. Et sans doute aussi des calculs électoralistes que je condamne profondément. Je le dis tout net : la place de la Roumanie est dans l’espace Schengen.
Je suis reconnaissant à l’Ambassadeur de France Philippe Gustin et au deuxième conseiller Samuel Richard d’avoir organisé pour moi l’ensemble des rencontres nécessaires. J’ai ainsi pu échanger avec des journalistes et analystes politiques roumains et français établis à Bucarest. Je me suis rendu au Parlement roumain, rencontrant au Sénat l’ancien Ministre des Affaires Etrangères Mircea Geonea, qui préside la commission spéciale Schengen, et à la Chambre le député Mircea Lubanovici, élu des Roumains des Amériques et président de la commission des Roumains de l’étranger ainsi que le président du groupe parlementaire du PSD Neacsu Marian. Je suis également allé rendre visite à Cristian David, Ministre délégué pour la diaspora roumaine.
De très anciens et précieux liens rassemblent la France et la Roumanie. La présence de la France en Roumanie est la marque de notre attachement à cette histoire. Nous avons un poste diplomatique et consulaire solide, une belle implantation culturelle reposant sur un Institut et quatre antennes régionales ainsi que quatre Alliances françaises et un Lycée français flambant neuf, construit pour 1 300 élèves à la sortie de Bucarest et inauguré le 11 juillet dernier par notre Premier Ministre Jean-Marc Ayrault. J’ai visité l’Institut avec l’attaché culturel Christophe Pomez, rencontrant les personnels et m’attardant dans la magnifique salle de cinéma Elvire Popesco, qui accueillera en fin de semaine Sandrine Bonnaire et Abdellatif Kechiche, qui viendra y présenter « La vie d’Adèle ». J’ai parcouru les nouveaux locaux du Lycée Anna de Noailles en compagnie du directeur du cycle primaire Fabien du Fayet de la Tour.
A l’Ambassade, j’ai rencontré les représentants des associations françaises : Français du Monde – ADFE, UFE Roumanie, UFE Bucarest et l’Accueil des Français à Bucarest. Un petit-déjeuner de travail m’a permis d’engager le débat avec plusieurs représentants de notre communauté d’affaires franco-roumaine. Un gros travail a été mené ces dernières années par les différents acteurs économiques (Ambassade, Ubifrance, Conseillers du commerce extérieur, Chambre de commerce) pour porter ensemble des projets. Une telle entente n’est pas partagée partout et mérite de fait d’être distinguée, notamment lorsqu’il s’agit de mutualiser l’expérience pour permettre à des PME françaises de prendre pied sur le marché roumain et d’y prospérer. Le travail conduit par Michelin et Dacia dans ce cadre m’a beaucoup intéressé.
J’ai tenu une permanence pour les compatriotes qui souhaitaient porter des dossiers ou demandes personnelles à mon attention. J’ai reçu les syndicats d’enseignants du Lycée Anna de Noailles et ai fait suivre aux autorités concernées leurs légitimes préoccupations. Comme de coutume, j’ai organisé une réunion publique de compte-rendu de mandat, m’entrainant, au fil des questions, à développer l’action que je conduis en matière fiscale, en droit de la famille et sur l’accès à la télévision française à l’étranger. Outre un petit exposé sur mon travail en faveur de l’accès en ligne aux programmes de France Télévisions, je me suis permis d’affirmer mon attachement au maintien de la distribution de TV5 Monde en « must carry » en Roumanie, sujet sur lequel notre poste diplomatique est vivement engagé.
J’ai bien sûr eu l’occasion à de nombreuses reprises durant ces trois jours de débattre de la question rom. Lors de ma réunion publique bien sûr, mais aussi à l’occasion d’une réunion avec les services concernés de l’Ambassade. Beaucoup est fait par notre poste et on ne le sait pas suffisamment. J’ai été impressionné par l’engagement de l’Ambassadeur et de ses principaux collaborateurs en liaison avec les autorités roumaines et la France, tant sur le volet sécuritaire que sur celui de l’inclusion sociale. De beaux projets de coopération décentralisée donnent lieu à des résultats encourageants qui, s’ils doivent être évalués sur le long terme, n’en donnent pas moins à penser que le travail social, le dialogue et la fermeté sont facteurs de solution et d’émancipation. A l’exact inverse des discours xénophobes, réducteurs et démagogiques si souvent entendus ces derniers temps.
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