Comme tant d’autres, l’annonce ce vendredi de la mort de Pierre Mauroy me peine beaucoup. C’est un immense acteur et témoin de l’action réformiste de la gauche qui s’en va. Un militant à l’énergie formidable et au charisme contagieux, un homme courageux et de convictions. Je me souviens de ses discours enflammés de Premier Ministre à l’Assemblée nationale durant l’été 1981 et bien sûr de l’œuvre de son gouvernement. Rarement la volonté politique n’aura trouvé meilleur défenseur. Le courage, ce fut aussi, au nom de ses convictions européennes, le choix de la rigueur à compter de 1983, un tournant historique et structurant pour notre pays.
Pierre Mauroy aura été notre Premier Ministre, notre Premier Secrétaire, notre Président de l’Internationale Socialiste. Il aurait pu en 1995 être notre candidat à l’élection présidentielle. Il ne fit pas ce choix, mais celui de Lille, sa ville, sa passion. Décision admirable, qui force l’admiration et le respect. Durant les 10 années que j’ai passées au Conseil National du PS, je l’ai toujours vu, assis au premier rang, parlant gentiment à ceux qui venaient vers lui. J’allais toujours le saluer. Il m’impressionnait. Il me touchait aussi. Je voyais en lui toute la flamme et en même temps la sagesse de cet idéal qui nous rassemble.
J’ai le souvenir d’un dîner avec Pierre Mauroy à Gand en avril 2003. Il était venu présenter ses mémoires, dont le titre « Vous mettrez du bleu au ciel » lui avait été inspiré par François Mitterrand. J’aurais aimé que ce dîner dura toute la nuit tant Pierre Mauroy avait un talent formidable de conteur. Il avait partagé avec les quelques convives autour de la table une somme d’anecdotes inédites et parfois croustillantes sur l’histoire politique de notre pays, celle qu’il avait vécue, de ses jeunes années au contact de la réalité ouvrière au Cateau-Cambraisis jusqu’à Matignon. Je garde de cette soirée une précieuse dédicace sur ce livre que je chéris.
Pierre Mauroy avait en lui la générosité, l’affection et la simplicité de ceux qui savent d’où ils viennent. De toutes les images qui illustrent son action, c’est celle-ci que je retiens, un discours bouleversant au Sénat à l’automne 2010, peut-être le dernier, en défense de la retraite à 60 ans :
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C’est parce qu’il s’est trouvé un homme comme Pierre Mauroy que la gauche au pouvoir, à Lille comme dans notre pays, a su construire le progrès partagé
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