Les résultats des élections européennes du 25 mai ont été désastreux pour le Parti Socialiste et plus généralement pour l’idéal européen. Avec moins de 14% des voix, le PS encaisse sa plus lourde défaite électorale à ce jour. Elle prolonge malheureusement et logiquement le rude échec des élections municipales, la séquence restant la même au-delà du changement de gouvernement intervenu au début avril. Le Front National, avec plus de 25% des voix et un tiers des sièges français au Parlement européen, est le grand vainqueur du scrutin. Les ennemis de toujours de l’Europe, rassemblés au sein du business familial de trois générations, pourront à loisir déverser leur flot de haine à Strasbourg, à défaut de chercher à y être efficaces. Car là est la misère de ce résultat : l’influence de la France reculera durant ces 5 ans de mandature. Que Madame Le Pen parvienne ou non à rassembler derrière elle un groupe parlementaire d’extrême-droite n’y changera rien. Les sièges conquis par le Front National sont pour 5 ans des sièges perdus pour l’Europe et par la France.
Pourquoi un tel séisme ? Parce que notre pays va mal, parce que jamais le doute, si ce n’est la défiance envers le parti de gouvernement, et d’une certaine manière le parti d’opposition également, n’a été aussi grand. Le chômage de masse prospère, la France se désindustrialise, les impôts augmentent et les résultats espérés ne viennent pas. Nous n’avons pas dit clairement en juillet 2012 que la situation dont nous héritions était bien plus difficile que nous l’avions imaginée. Nous n’avons pas toujours pris les bonnes décisions non plus. Et, surtout, avoir annoncé imprudemment l’inversement de la courbe du chômage pour une date précise était inconsidéré au regard de la difficulté de la tâche. Il ne faut pas se payer de mots, surtout si c’est pour tenter d’adoucir par le verbe une réalité vécue différemment. La politique menée depuis l’automne 2012 est exigeante pour tous. Il aurait fallu l’expliquer, clairement et sans détour. Je suis persuadé que les Français peuvent entendre le langage de l’effort partagé s’il est présenté ainsi.
L’Europe est la grande victime du scrutin du 25 mai. Faut-il épouser l’euroscepticisme ambiant dans l’espoir de glaner des voix ? Non, trois fois non. Nous n’avons pas su nous approprier l’Europe, souvent par manque de courage et parfois malheureusement aussi par calcul. Funeste erreur. L’Europe est au cœur même de mon engagement politique et je me refuse à passer cet idéal par pertes et profits. J’ai aimé la campagne courageuse de Martin Schulz, auquel je veux rendre hommage. Martin a tout donné en campagne durant ce printemps pour incarner une Europe ambitieuse et généreuse. Il nous a touchés. J’aurais voulu que la tonalité européenne de mon propre parti soit aussi enthousiaste et engageante que celle de Martin. Pourquoi n’est-il plus possible de parler d’Europe que pour décrire ce que nous y rejetons ? Non que rien ne soit à débattre ni changer, bien au contraire, mais ne pouvait-on pas le faire positivement, en commençant par un « j’aime l’Europe » qui fait chaud au cœur, donne envie et ne tue personne ?
Le 25 mai avaient lieu aussi les élections aux conseils consulaires. Plus de 400 sièges étaient à pourvoir dans le monde entier. Les résultats ne sont pas encore officiels, mais circulent néanmoins de manière fiable. Et, surprise, la gauche se tient bien malgré le séisme des élections européennes. Pourquoi ? Parce qu’une campagne militante formidable de proximité a été engagée durant des mois autour de candidats présents sur le terrain, expérimentés et désireux de faire vivre ces nouveaux conseils consulaires comme une valeur ajoutée pour l’action publique à l’étranger. Bravo à eux ! Ils auront à cœur de se mettre à la tâche avec les autres élus durant les 6 années de leur mandat pour dégager les consensus nécessaires afin d’appeler utilement l’attention ici de l’Ambassadeur, là du Consul général. C’est sur le terrain, au contact des faits et des réalités, en parlant vrai, que se construit le changement. Député des Français d’Europe centrale, je travaillerai en étroite liaison avec tous les conseils consulaires et tous les élus consulaires de ma circonscription. Cela commence dès aujourd’hui car agir n’attend pas.
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