Ce vendredi 20 janvier, Donald Trump prêtera serment comme 45ème Président des Etats-Unis. Je ne peux m’empêcher de trouver ce jour triste, malgré tout le respect que l’on doit au vote des 538 grands électeurs au début décembre, à défaut d’avoir été l’expression majoritaire du peuple américain le 8 novembre 2016. Ce jour est triste parce que s’installe à la Maison Blanche un homme à la vision du monde sombre et inculte, qui ne professe pour les alliés de son pays que condescendance, morgue et mépris. Comment ne pas avoir été choqué, si ce n’est révolté par le contenu aux termes certainement bien pesés de son interview en début de semaine au Times et à la Bild Zeitung ? Se féliciter du Brexit, appeler d’autres Etats de l’Union européenne à la quitter, espérer la dislocation de l’Europe, menacer l’Allemagne de guerre commerciale et qualifier l’OTAN d’obsolète, c’est rompre avec un demi-siècle d’histoire des Etats-Unis, que la Présidence ait été démocrate ou républicaine. Les Etats-Unis avaient toujours soutenu le processus d’intégration et la sécurité collective de notre continent. Donald Trump rompt avec cette tradition, s’en remettant aux multiples murs et barrières qu’il annonce bruyamment vouloir construire pour protéger son pays des malheurs réels ou supposés du monde, si tout au moins le Congrès le laisse agir.
J’aime les Etats-Unis pour y avoir construit un petit bout de mon histoire (lire ici). La relation transatlantique compte pour moi. Cette interview inamicale et imbécile m’a affligé comme ami du peuple américain et citoyen européen. Faut-il attendre que la réalité rattrape Donald Trump et son administration de « rich and famous » pour espérer voir les Etats-Unis revenir à de meilleurs sentiments vis-à-vis de l’Europe ? Non. Il n’est d’abord pas nécessaire de tendre l’autre joue lorsque l’on s’en est pris une, a fortiori aussi injustement. Et il est ensuite utile de reconnaître que cette situation est finalement peut-être la chance de l’Europe, notre chance, ce que nos amis américains appelleraient le « defining moment ». Assumons-nous comme Européens, sans attendre quoi que ce soit de qui que ce soit, si ce n’est de nous-mêmes. Gouvernement économique de la zone Euro, politique européenne de l’asile, Europe de la défense et de la sécurité, juste échange dans le respect de l’environnement, du climat et des citoyens, traçons notre chemin ! Soyons fermes sur nos intérêts et nos valeurs parce qu’ici, c’est l’Europe, un projet de société, une communauté de destins, un socle de droits sociaux auxquels un contenu est donné. C’est peut-être à Donald Trump que nous devrons le sursaut européen, au point alors de l’en remercier quand il s’en ira dans 4 ans. So help us God !
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