J’ai été touché hier soir par l’annonce du Président de la République de ne pas solliciter un second mandat. Touché par la lucidité du Président, touché aussi par son émotion qui, pour ceux qui connaissent François Hollande, était palpable dès ses premiers mots et laissait entrevoir ce que serait sa conclusion. Le Président a pris la décision qu’il fallait et c’est pour cette raison que je salue sa lucidité. Parler d’une bonne décision serait cruel car ce moment comme le regard porté à ce jour sur le bilan du quinquennat sont certainement injustes. Je suis persuadé que l’histoire, probablement même sans beaucoup attendre, rendra grâce à François Hollande de ses choix de politique économique et sociale. Elle se souviendra aussi de sa force et sa dignité dans les heures tragiques traversées par la France ces deux dernières années. Renoncer n’en était pas moins logique dès lors que l’espace politique ne permettait pas au Président de rassembler non seulement sa famille politique, mais aussi au-delà.
C’est la première fois qu’un Président de la République est empêché de se représenter. Car François Hollande voulait se représenter. Que lui aura-t-il manqué ? La reconnaissance des siens certainement, à sa fonction comme à sa personne, symbole d’une époque moche où la fidélité et la loyauté ne sont plus des valeurs cardinales. L’autorité aussi, même si l’affirmer ainsi peut apparaître abrupt. Souvent je me suis interrogé sur les raisons pour lesquelles les Ministres ou anciens Ministres oubliaient sans le moindre scrupule celui qui les avait faits pour afficher publiquement divisions ou états d’âme, si ce n’est pour lui planter un couteau dans le dos. J’ai regretté que ce soit lorsque le mal était déjà fait que le Président intervienne. François Hollande était-il présidentiel ? Je le crois, mais il aura pâti d’une gouvernance confuse, insuffisamment expliquée, jamais réellement affirmée. Il aura manqué aussi un discours fondateur à l’été 2012 sur l’état réel du pays, un discours de la méthode, un discours qui aurait tracé le sillon.
Une page se tourne. Une autre s’ouvre dès à présent, blanche et incertaine. Le Président de la République conduira avec attention et dignité notre pays jusque mai 2017. Qui représentera au printemps prochain le progrès partagé, la société écologique et la passion européenne ? Qui incarnera le projet d’une gauche réaliste et ouverte, à l’écoute du monde tel qu’il vient ? Une gauche pour qui l’exercice des responsabilités, loin d’être un remord, est au contraire le plus beau des défis : celui de faire. Je n’ai pas de nom. Je suis orphelin de candidat. Je l’étais déjà avant l’annonce d’hier soir. J’attends les débats de la primaire annoncée, espérant qu’ils permettent, derrière les visages, d’affirmer des projets et de trancher en conscience. Ma gauche est celle de l’initiative et de la responsabilité, celle des solidarités tout au long de la vie, du combat pour la planète, des libertés protégées et, plus que jamais, de l’égalité. Cette gauche-là doit rassembler car la France a besoin d’elle. J’ai la conviction que l’histoire, plus que jamais, reste à écrire.
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