Je me suis rendu les 19-20 octobre à Friedrichshafen et Ravensburg, sur les bords et à proximité du lac de Constance, où vivent de nombreux Français, distants par la géographie des Consulats généraux de France à Munich et Stuttgart. Ce sentiment partagé d’isolement à l’égard du service public consulaire comme aussi de l’accès à une filière scolaire bilingue ou à français renforcé est revenu régulièrement dans les conversations que j’ai pu avoir avec les compatriotes rencontrés à l’occasion de ma permanence à Friedrichshafen ou de la visite que j’ai effectuée sur le site d’Airbus Defense & Space. Il souligne les limites d’une politique consulaire contrariée par de sévères économies depuis des années, au point désormais que les postes, fonctionnant à flux tendus, ne peuvent que très difficilement organiser les tournées consulaires. Or, celles-ci sont et restent nécessaires, précisément pour rompre cet isolement. A Friedrichshafen, personne parmi mes interlocuteurs ne se souvenait plus de l’année de la dernière tournée consulaire.
De Friedrichshafen à Munich, à Stuttgart ou même à Zurich, de l’autre côté du lac, il faut compter entre 2 et 3 heures de route au bas mot. Un passeport est certes valable pour 10 ans et l’on peut se dire qu’un voyage vers le Consulat est justifiable dans ces conditions, d’autant plus que la seconde comparution nécessaire il y a peu encore a désormais disparu. Néanmoins, l’activité consulaire ne se résume pas à des demandes et délivrances de passeport. Rien ne remplace le contact humain, comme par exemple pour solliciter une carte d’identité, et l’organisation d’une visite régulière d’une personne venant du Consulat général de France à Munich serait la bienvenue. Alternativement, il serait utile d’imaginer d’installer un(e) Consul(e) honoraire de France sur la rive allemande du lac de Constance ou aux alentours. C’est l’une des conclusions qui s’est imposée à l’issue de ma rencontre avec les salariés français d’Airbus et la direction du site. J’écrirai un courrier en ce sens à l’Ambassadeur de France en Allemagne Philippe Etienne en cette fin de semaine.
A Friedrichshafen, j’ai retrouvé mon collègue Andreas Jung, député de Constance. Andreas préside depuis le printemps dernier le groupe d’amitié Allemagne-France au Bundestag. J’ai fait également la connaissance de Lothar Riebsamen, député de Friedrichshafen. Ensemble, nous avons visité le site d’Airbus, accueilli par Johannes von Thadden, Senior Vice President de la société, et par Eckard Settelmeyer, directeur du site. J’ai été impressionné par cette visite, en particulier lorsque nous sommes entrés dans le vaste espace où sont construits les satellites. Des années de travail sont requises pour mettre au point ces projets enthousiasmants, qui deviennent un jour réalité à Friedrichshafen, puis sur un pas de tir, à la conquête de l’espace. La visite s’est poursuivie par une réunion avec les salariés français de la société, puis un déjeuner de travail en présence de deux membres du Comité d’entreprise, qui nous a permis de faire le tour des enjeux politiques, industriels et également humains entourant le développement d’Airbus Defense & Space, globalement et à Friedrichshafen.
Avec Andreas Jung et Lothar Riebsamen, je me suis rendu ensuite au cimetière de Ravensburg, distant de quelques dizaines de kilomètres. Je souhaitais me recueillir sur la tombe d’Andreas Schockenhoff, mon collègue et ami député allemand, disparu subitement l’an passé. Andreas Schockenhoff fut durant 20 ans le président du groupe d’amitié Allemagne-France au Bundestag. Nous avions tous les deux construit une relation étroite et amicale, au-delà de nos différences politiques, oeuvrant pour le bien de la relation franco-allemande dans nos deux assemblées respectives. Accueillis par l’ancien Ministre Rudof Köberle, le conseiller municipal August Schuller, ami d’enfance d’Andreas et Marie-Antoinette Freund, une compatriote très active au sein de la DFG de Ravensburg, Andreas Jung et moi avons déposé une couronne aux couleurs de nos deux pays sur la tombe. Sur le liséré aux couleurs de l’Allemagne, Andreas avait fait inscrire « Im stillen Gedanken ». Sur le liséré aux couleurs de la France, j’avais choisi « A l’ami qui nous manque ». J’espère que le souvenir d’Andreas Schockenhoff continuera d’être honoré et que son nom pourra être donné à une œuvre ou un lieu qui célèbre cette amitié entre nos deux pays qui lui était si chère.
J’ai achevé mon séjour par la visite de l’entreprise Puren à Überlingen. Puren est l’un des leaders mondiaux de la technologie de mousse dure polyuréthane. C’est aussi une société représentative du fameux Mittelstand, dont je rêve qu’il puisse inspirer notre pays tant la France manque de ces entreprises de taille intermédiaire, aux structures souvent familiales et en pointe globalement dans leurs secteurs d’activités. Sur le site de Puren se tenait, à l’occasion de l’inauguration de deux nouveaux bâtiments de stockage, un important débat consacré à l’économie de l’énergie auquel j’ai pu assister. J’en ai retiré plusieurs enseignements utiles aux débats à venir sur le budget du Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, dont je suis le rapporteur pour avis à l’Assemblée nationale. Il y a beaucoup à apprendre pour nous, acteurs publics français, d’entreprises telles que Puren.
Je serai de retour sur les rives du lac de Constance au printemps prochain, notamment dans le Vorarlberg, la partie autrichienne du lac.
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