Je me suis rendu en Albanie du 14 au 16 septembre. Mon précédent voyage remontait à avril 2014 à l’occasion du salon de l’agroalimentaire français organisé par la Chambre de commerce franco-albanaise et notre poste diplomatique (lire ici). J’ai remarqué l’évolution du pays intervenue dans cet intervalle de deux années, notable à la fois par diverses constructions majeures dans Tirana et par le dynamisme commercial de la ville. L’Albanie se développe et mérite notre soutien. Des progrès ont été accomplis, qu’il faut savoir distinguer pour l’encourager à poursuivre sur cette voie certes exigeante, mais nécessaire. C’était, dans le domaine de l’Etat de droit, le fond de l’intervention que j’avais faite devant l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe l’an passé (voir ici).
La réforme de la justice a été adoptée. C’est un pas considérable, à la hauteur de ce qu’un pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne devait faire. Il faut maintenant que cette réforme entre en vigueur, progressivement et solidement. De même, c’est sur la durée que la lutte contre la corruption, contre le crime organisé et contre le blanchiment se gagnera. Le soutien accordé dans ce cadre par la France à l’Albanie est précieux.
A Tirana, j’ai rencontré notre communauté d’affaires à l’invitation de Julien Roche, président de la Chambre de commerce et de la société Green Technologies. L’Albanie jouit depuis ces dernières années d’une croissance soutenue, tirée par les investissements et l’exportation. La construction, les services et l’industrie manufacturière y contribuent de manière déterminante. Cette croissance, cependant, reste insuffisamment pourvoyeuse d’emplois et ceci constitue un défi pour un pays où l’exode est souvent le choix de la jeunesse. Si des réformes économiques importantes ont été conduites par le gouvernement d’Edi Rama pour libérer l’économie, elles se heurtent encore à l’arbitraire administratif et à une insécurité fiscale et d’investissement regrettable. L’Albanie dispose pourtant d’un beau potentiel, notamment dans les secteurs de l’énergie verte, de l’agriculture et du tourisme, que des choix stratégiques doivent pourvoir mettre utilement en valeur. Cela passe par l’accueil des investissements étrangers, la consolidation de l’offre de produits agricoles face à la distribution et le développement d’un tourisme durable, qui ne défigure pas le littoral et les montagnes.
J’ai visité durant mon séjour à Tirana le site de l’entreprise Aleat, un consortium formé par Safran Identity & Security et l’Albanian American Enterprise Fund. Aleat a gagné en 2008 l’appel d’offres lancé pour gérer la production des cartes nationales d’identité et des passeports des citoyens albanais. J’ai été impressionné par l’aventure industrielle présentée par le président d’Aleat, Jean-Alain Jouan. Tout était à construire, depuis le lien de confiance avec les autorités nationales, les administrations communales et la police jusqu’à l’outil industriel lui-même. En outre, Aleat a eu à gérer plusieurs demandes des autorités albanaises, non-prévues initialement par la concession. Depuis janvier 2009, l’entreprise a confectionné 3,7 millions de cartes nationales d’identité et 3,5 millions de passeports. La concession a été renouvelée pour 10 ans en 2013. Aleat emploie actuellement 280 personnes. A Tirana, comme lors de mes passages précédents, j’ai également rendu visite à Marie-Thérèse Marchal à la Pâtisserie française Bukë dhe Ëmbëlsira (http://pasticeriafranceze.com). Madame Marchal a créé son commerce il y a 17 ans avec l’aide de son frère, meilleur ouvrier de France. Elle emploie 14 personnes. C’est à la Pâtisserie française que j’ai tenu ma réunion de compte-rendu de mandat.
La communauté française d’Albanie compte un peu plus de 200 compatriotes, pour l’essentiel établis à Tirana. J’ai retrouvé une part d’entre eux avec plaisir à la résidence de l’Ambassadeur Bernard Fitoussi, dont le Conseiller consulaire Patrick Pascal. J’ai été touché d’échanger avec Sœur Odette, une religieuse française établie dans la région, d’abord au Kosovo puis en Albanie, depuis près de 50 ans. Le travail qu’elle accomplit auprès des plus démunis de la société albanaise force l’admiration. Accueilli par le directeur Thomas Charles, j’ai visité les nouveaux locaux de l’Ecole française internationale de Tirana (EFIT) (http://efit.edu.al/efit). Je suis heureux d’avoir contribué l’an passé, par un don de ma réserve parlementaire, au sauvetage de l’EFIT, un temps menacée par son endettement, désormais apuré. En ce début d’année scolaire, l’EFIT scolarise 46 élèves, un chiffre encourageant. L’école maternelle a vu en particulier l’inscription de 11 nouveaux élèves, ce qui est d’excellent augure pour le développement de l’établissement. Les élèves du cycle primaire sont regroupés dans deux classes de CP-CE1 et de CE2-CM1-CM2. Pour le collège, les élèves suivent les programmes de 6ème, 5ème et 4ème via le Centre national d’enseignement à distance (CNED) avec le soutien d’un répétiteur dédié.
Je me suis rendu à l’Alliance française de Tirana (http://aftirana.org) où j’ai retrouvé le directeur Dritan Xhelili. Dans un contexte de forte concurrence, notamment de l’allemand et de l’italien, le succès de l’Alliance demeure, année après année. Chaque session semestrielle voit ainsi l’inscription de près de 700 apprenants. L’Alliance organise 4 fois par an les examens du DELF et du DALF. Elle propose aussi des cours pour enfants dès l’âge de 3 ans. C’est à la médiathèque de l’Alliance que j’ai tenu ma permanence parlementaire. L’Alliance de Tirana ainsi que les Alliances de Korçë, Elbassan et Shkodër constituent des éléments essentiels de notre dispositif de coopération culturelle, scientifique et technique en Albanie. En outre, un espace français devrait ouvrir prochainement au sein de la Bibliothèque nationale albanaise. Il permettra l’accès du public à une offre renforcée de livres et de supports numériques. Des conférences pourront aussi y être organisées. Ce projet, sur lequel travaille le service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade, sera une importante vitrine culturelle pour notre pays, essentielle pour la poursuite du développement de l’Alliance française de Tirana.
Accompagné par la Première conseillère Isabelle Le Guellec et la Conseillère culturelle Rose-Anne Bisiaux, j’ai passé une journée à Korçë, dans le sud de l’Albanie. Sans doute est-ce en raison du souvenir de la République autonome de Korçë, fondée en décembre 1916 par les Français, que l’image de notre pays reste aussi forte en Albanie. La République de Korçë, ce fut entre autres la création d’un Lycée français, qui exista plus de 20 ans, longtemps après la disparition de la République elle-même. A Korçë, j’ai visité le Lycée Raqi Qirinxhi, où existe depuis 1998 une section bilingue franco-albanaise, dotée du label FrancEducation, dont les élèves, au nombre d’une centaine, étudient la littérature, l’histoire, la géographie, la physique et les arts dans notre langue. J’ai été impressionné par la passion de ces jeunes, avec qui j’ai pu échanger, mais aussi de leurs professeurs et de la direction du Lycée. Cette petite vidéo réalisée par les élèves (voir ici) en est une preuve. Il s’agit d’une présentation en français de l’Albanie. Il existe en Albanie 4 autres sections bilingues dans des établissements d’enseignement général à Tirana, Elbasan, Shkodra et Durrës pour un total de 470 élèves, de même que 2 sections dans les lycées hôteliers de Durrës et Sarandra. L’aide de la France repose notamment sur l’envoi d’un(e) stagiaire en Master Français Langue étrangère dans chacun de ces établissements. En fin d’études, les élèves reçoivent le DELF.
La journée à Korçë m’a permis de visiter également les locaux de l’Alliance française, où j’ai été reçu par le président Ilia Skendi, le directeur Kiço Xega et la secrétaire-générale Ina Stratoberdha. J’ai pu aussi y faire la connaissance des professeurs. En compagnie du maire de la ville, Sotiraq Filo, j’ai visité le chantier du musée national de l’art médiéval, en cours de rénovation, qui rouvrira ses portes le 3 octobre prochain. J’ai été émerveillé par les centaines d’icônes qui y sont présentées. L’Ambassade de France en Albanie soutient depuis des années le musée et sa rénovation. Cet engagement est précieux et le maire me l’a rappelé. Enfin, avant de quitter Korçë, j’ai tenu à me rendre au cimetière français de la ville, où sont enterrés 640 soldats français du front d’Orient, pour déposer devant le monument une couronne de fleurs à leur mémoire. Du 11 novembre au 10 décembre seront organisées à Korçë diverses manifestations pour commémorer le centenaire de la République autonome. J’ai promis à l’Ambassadeur de France Bernard Fitoussi d’y contribuer par une petite recherche sur les traces dans les travaux et débats de l’Assemblée nationale de la République de Korçë.
Je remercie de tout cœur l’Ambassadeur Fitoussi pour la gentillesse de son accueil, ainsi qu’Isabelle Le Guellec et Rose-Anne Bisiaux, qui m’ont accompagné durant ce séjour en Albanie.
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