Je me suis rendu en Croatie les 16 et 17 octobre. Ma précédente visite datait du mois de juin 2013 (lire ici). A l’invitation de l’Ambassadeur Michèle Boccoz, j’ai retrouvé à la Résidence de France deux collègues députés croates avec lesquels je siège à l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe. Il s’agissait de Gvozden Flego, qui préside la délégation croate et également le groupe d’amitié Croatie-France au Sabor, le Parlement croate, et Daniel Mondekar, président de la Commission des Affaires européennes du Sabor. Je leur ai présenté mes activités de député des Français d’Europe centrale et des Balkans, mandat que connaissent peu ou prou nos amis du Sabor car y siègent également des députés des Croates de l’étranger. Nous sommes longuement revenus sur les débats européens en cours à Bruxelles avec la constitution de la Commission Juncker et sur la nécessité de coupler un engagement fort pour la croissance à la nécessité bien comprise de réduire les déficits des comptes publics. Sans croissance et dans un contexte de faible inflation, aucun rééquilibrage pérenne des comptes n’est possible. Mes interlocuteurs ont pu aussi me présenter les priorités de la Croatie en termes d’action publique européenne, notamment dans les domaines des transports, de l’éducation et de développement durable.
J’ai visité l’Eurocampus franco-allemand, où cohabitent et travaillent ensemble une école française et une école allemande depuis une petite décennie. Il n’existe que 5 Eurocampus dans le monde, dont Zagreb et Dublin en Europe. J’ai eu plaisir à voir le tout nouveau centre de documentation et d’information, pour lequel j’avais mobilisé une part de ma réserve parlementaire l’an passé. En compagnie de la présidente du Comité de gestion Sandrine Sorieul et du trésorier Jocelyn de la Croix, j’ai découvert le projet immobilier qui pourrait permettre à l’Eurocampus de construire ses propres locaux sur un site situé à proximité de son adresse actuelle (ouverture projetée en septembre 2017). Ce serait à l’évidence le gage d’un développement qu’il s’agit d’anticiper, conduisant les effectifs des écoles française et allemande à doubler à l’horizon de 10 ans. A ce stade, l’école française compte près de 120 élèves et l’école allemande environ 130. Un travail important est conduit par la communauté de l’école française, avec le soutien des services de l’Ambassade, pour obtenir l’homologation par l’AEFE au niveau lycée et la reconnaissance officielle de l’établissement par les autorités croates. A l’Eurocampus, j’ai pu rencontrer les élèves de 5ème et 4ème pour un exercice d’instruction civique sous forme de questions et réponses.
Il existe à Zagreb une association qui effectue un travail formidable d’animation enfantine en français, notamment auprès des enfants grandissant au sein de couples mixtes. Il s’agit de « Un autre monde », créée en 2001 et dirigée par Florence Nigron-Dautovic, élue conseillère consulaire de Croatie au printemps dernier. J’ai retrouvé Florence avec plaisir dans les nouveaux locaux de l’association. A l’issue de ma visite de juin 2013, j’avais mis à profit ma réserve parlementaire en soutien à « Un autre monde », dont l’engagement auprès des jeunes m’avait beaucoup séduit. L’animation et le jeu en français sont une manière ludique d’apprendre la langue ou de la retrouver. Le succès de la méthode ne se dément pas, au point qu’un petit club de parents et grands-parents, lassés sans doute d’attendre dehors pendant que leurs enfants jouaient, s’est monté au sein de l’association pour que les adultes aussi y trouvent le plaisir de la conversation en français. Au total, « Un autre monde » compte en ce mois d’octobre 74 élèves inscrits, âgés de 2 à 73 ans ! C’est un succès qu’il faut saluer.
La promotion de la langue française en Croatie est un combat de plusieurs années, incarné par les succès de l’Eurocampus et de « Un autre monde ». Entre le réseau scolaire, universitaire et les Alliances françaises, ce sont ainsi 13 000 personnes qui apprennent notre langue. 1 400 fonctionnaires croates ont été formés au français en 6 ans, grâce au partenariat avec l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), dont la Croatie est membre observateur. L’Institut français participe à la vie culturelle et artistique du pays par de nombreux partenariats. Une belle et moderne médiathèque, véritable plate-forme multiculturelle, est installée au centre de Zagreb. L’an prochain, de mai à septembre, la France sera à l’honneur dans toute la Croatie grâce au festival que préparent activement nos services et l’Ambassadeur Michelle Boccoz. Ce festival aura pour titre « Rendez-vous, le festival de la France en Croatie ». Des expositions et débats seront notamment organisés. Je reviendrai à cette occasion, en particulier pour une conférence à Split sur le thème du changement climatique.
Il faut se féliciter de l’excellence des relations entre la Croatie et la France, qui tient beaucoup au partenariat stratégique signé il y a 4 ans. Ce partenariat a permis de renforcer la coopération stratégique dans de nombreux domaines, y compris économiques et commerciaux. Nos entreprises doivent trouver leur place en Croatie, confrontée au défi d’investir dans les infrastructures et l’appareil de production pour asseoir une croissance solide. L’adhésion à l’Union européenne le 1er juillet 2013 donne accès à d’importants fonds européens qu’il s’agit pour le pays d’absorber. Bouygues et Aéroports de Paris ont emporté la concession de l’aéroport de Zagreb. De nouvelles opportunités devraient se présenter prochainement dans les domaines autoroutiers, de la distribution de l’eau et du traitement des eaux usées. La création en 2012 d’un club d’affaires franco-croate est un développement précieux pour la conquête de ces marchés, qui repose sur une connaissance intimes des besoins du pays et du tissu industriel local.
Je remercie l’Ambassadeur Michelle Boccoz pour la gentillesse de son accueil. Je tiens également à saluer les différents services de l’Ambassade, et notamment le Consul Mickaël Garry, qui accomplissent un lourd travail. Dans un pays qui, au-delà du millier de Français régulièrement installés, accueille chaque année, pour l’essentiel sur la côte adriatique, près d’un demi-million de touristes venus de France, l’assistance à notre communauté n’est en effet pas le moindre des défis pour notre poste diplomatique et ses agents. C’est le service public dans ce qu’il a de fort et de noble. Merci à eux pour leur engagement et aussi pour le moment passé ensemble à l’occasion de ma permanence à l’Ambassade de France.
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