J’ai reçu hier matin au titre du groupe d’amitié France-Allemagne la direction générale de Lidl France, représentée par son président Friedrich Fuchs et le responsable des achats Michel Biero. Cette réunion faisait suite à un premier contact établi par Lidl en fin d’année passée pour m’informer des projets du groupe dans notre pays. Une quinzaine de collègues députés ont participé à cette rencontre à mes côtés, ce dont je me félicite. Lidl, dont le siège se trouve à Neckarsulm, près de Stuttgart, est le leader européen de la distribution et le 4ème groupe mondial dans ce secteur. Le groupe, toujours à structure familiale, a réalisé en France l’an passé un chiffre d’affaires de près de 10 milliards d’Euros (pour un résultat global de 70 milliards) et y emploie quelque 30.000 salariés, dont 25.000 à temps plein. C’est un acteur majeur de notre économie.
Les investissements de Lidl en France sont considérables, en particulier dans le contexte du choix stratégique opéré de quitter le secteur du hard discount pour monter en gamme progressivement. La direction de Lidl France nous a informés qu’un vaste programme immobilier était en cours, visant à reconstruire totalement 900 des 1.500 supermarchés et 19 des 25 entrepôts du groupe dans notre pays. Cela représente un investissement annuel d’environ un milliard d’Euros sur une durée de 4 à 5 ans. Parallèlement, Lidl France a procédé à près de 3.000 embauches au cours de l’année 2015. 95% des contrats de travail y sont à durée indéterminée, par volonté de l’entreprise d’offrir sécurité et motivation à son personnel. La politique salariale du groupe se situe au-delà de la moyenne nationale de la grande distribution, la rémunération d’une caissière à Lidl excédant de 26% le SMIC horaire.
Familier de la consommation en Allemagne, j’étais curieux de connaître les différences dans l’offre de Lidl aux consommateurs français, dont les attentes ne sont pas toutes les mêmes que celles de nos amis allemands. Là où ces derniers ne consacrent que 7% de pouvoir d’achat à l’alimentation, les Français dépensent 14%, soit le double. Les Français recherchent les prix bas, mais aussi la qualité et la proximité de fabrication des produits offerts à la vente. Les prix proposés par Lidl reposent sur la massification des volumes et le faible nombre de références, à la différence de beaucoup de concurrents. L’offre de Lidl est constituée à 90% de marques propres au distributeur. Surtout, 70% des produits vendus en France par Lidl proviennent de productions locales, une proportion croissante. Lidl investit beaucoup dans des projets de long terme avec le monde agricole, garantissant la couverture de leur prix de revient aux producteurs, un sujet critique dans les débats ces derniers mois à l’Assemblée nationale.
Le changement de stratégie du groupe en France n’est cependant pas sans risque. C’est en effet sur le hard discount que, depuis 1989, l’enseigne y a construit sa réputation. Il est important que la montée en gamme et l’élargissement espéré de sa clientèle ne fassent pas perdre à Lidl ses clients actuels, qui ont assuré son succès. Un équilibre est à trouver entre les prix bas, qui caractérisent le groupe en Allemagne et au-delà, et la qualité, essentielle pour les consommateurs français et reconnue récemment par des organisations indépendantes. Des progrès sont à faire, et plusieurs collègues députés s’en sont fait l’écho, en matière d’accueil, de service aux clients et d’attentes aux caisses. Nos interlocuteurs l’ont volontiers admis, indiquant que plus de 40 millions d’Euros étaient consacrés à la formation interne, en particulier sur ces questions, par Lidl France chaque année.
Rares sont les entreprises étrangères qui investissent autant dans le marché français que Lidl. Dans le climat de sinistrose actuel, ce signe de confiance dans notre économie et ses consommateurs est à mettre résolument en valeur. Nous avons besoin de cela. 1 milliard d’Euros d’investissements annuels, plus de 600 PME française référencées sur des contrats d’approvisionnement de longue durée, près de 3.000 emplois créés dans notre pays durant l’année 2015, cela méritait que le groupe d’amitié France-Allemagne à l’Assemblée nationale reçoive la direction de Lidl, fleuron allemand de la distribution et acteur de premier plan en France. Depuis 2012, j’ai tenu à ce que le groupe d’amitié soit à l’écoute du monde de l’entreprise, qu’il soit allemand en France ou français en Allemagne. Investir, créer, produire et embaucher, les entreprises savent le faire. Elles doivent être mises en situation d’y parvenir. Sortir de la crise et construire l’avenir requiert ainsi que nous sachions, à l’Assemblée nationale, les entendre, y compris au sein d’un groupe d’amitié.
Laisser un commentaire