J’ai été élu ce mardi Président de Europeans Throughout The World, fédération européenne d’associations nationales représentant les citoyens vivant hors de leur pays. Je mesure l’honneur que m’ont fait les membres du Conseil d’administration en me portant à la tête de cette belle organisation, créée en 1985 et présidée en leur temps par des personnalités aussi illustres que l’ancien Président espagnol du Parlement européen Enrique Baron Crespo ou l’ancien Ambassadeur belge Simon-Pierre Nothomb. Je suis un français d’Europe et un européen du monde. Voilà 30 ans que je vis et travaille à l’étranger. Ma famille est multiculturelle. Mes enfants sont français et espagnols. Nés à Bruxelles, ils recevront aussi la nationalité belge à leur majorité. J’ai le sentiment d’appartenir à diverses diasporas: française, mais aussi bretonne et européenne. Cela pourra surprendre. L’identité sur laquelle je me suis construit est diverse. Je suis français, mes racines sont en Bretagne et je ne me suis jamais senti plus européen que lorsque je vivais aux Etats-Unis.
Je crois profondément en la valeur ajoutée des diasporas dans la vie démocratique. Député des Français de l’étranger, membre de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, je me suis attaché à l’illustrer tout au long de mon engagement public. Parfois avec succès, en présentant un rapport et des recommandations au Conseil de l’Europe sur les réseaux associatifs et d’enseignement des diasporas européennes; parfois avec difficulté, comme lors du débat parlementaire français de 2016 sur la déchéance de nationalité. Ce qui nous parle spontanément à l’étranger n’est pas perçu à l’identique en France ou ailleurs. Le débat de 2016 me l’avait sentir rudement, y compris de la part de collègues et amis. Est-on un citoyen à égalité de devoirs et de droits lorsque l’on vit loin de son (ou de ses) pays ? Je pense bien sûr que oui, mais les opinions divergentes exprimées alors m’ont convaincu qu’il y a un travail énorme de présentation de ce qu’est une diaspora à livrer pour démystifier, rendre justice, revendiquer l’égalité et servir la cause démocratique.
C’est ce que je m’attacherai à faire comme Président de Europeans Throughout the World. Dès mardi prochain, je serai présent aux rencontres annuelles de Vlamingen in de Wereld (les Flamands dans le monde) à Mechelen, puis j’interviendrai les 2-3 septembre à l’université d’été sur la citoyenneté européenne à Bruxelles. Je veux montrer que les organisations citoyennes à l’étranger et les réseaux de diasporas contribuent concrètement au vivre-ensemble en maintenant le lien avec le pays (ou la région) d’origine et en facilitant l’intégration dans le pays de résidence. Je l’ai vu par de nombreux exemples lors des deux années d’enquête et de recherche préalables à la présentation de mon rapport au Conseil de l’Europe. Il faut que les autorités des pays d’origine et de résidence encouragent ces associations et réseaux. Nos sociétés sont multiculturelles. Un parcours de vie ne se divise pas. On peut être italien et allemand sans être moins italien que les italiens d’Italie ou les allemands d’Allemagne. Et franco-espagnol en Belgique autant qu’en Espagne ou en France.
Unis dans la diversité, telle est la devise de l’Europe. Les diasporas l’incarnent mieux que tout. La diversité est culturelle dans le plus large sens et c’est très bien. Elle est également législative et c’est nettement moins satisfaisant. Certains pays permettent à leurs ressortissants à l’étranger de voter et même d’élire des députés les représentant. Ce fut mon cas en France. D’autres, au contraire, privent du droit de vote leurs ressortissants après un certain temps passé hors du territoire national. Cette diversité-là est dérangeante. Il y a un travail de conviction à mener au nom de l’égalité des citoyens, qui s’étend de la représentation politique à la libre circulation des personnes, à la reconnaissance des diplômes, à la constitution et liquidation des retraites à l’étranger ou bien encore au droit de la famille. Il faut donner un contenu concret et opérationnel à la protection consulaire européenne. Ce sont autant de sujets sur lesquels Europeans Throughout the World dispose d’un formidable retour d’expérience, qu’il s’agira de mutualiser en renforçant les liens entre organisations nationales et locales, et de partager avec les autorités de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe.
Je m’engage dans ce projet avec passion, entouré par un conseil d’administration solide et un secrétaire-général, Steen Illeborg, à qui je veux dire toute mon admiration. L’image que doit porter Europeans Throughout the World est celle d’une multiculturalité ouverte et accueillante. Nos sociétés sont minées par le rejet de l’autre, l’exclusion et la xénophobie. Promouvoir la libre circulation des personnes par la preuve, c’est s’opposer de la meilleure manière qu’il soit au repli sur soi, à la discrimination et à l’europhobie. Je veux faire de Europeans Throughout the World une force de propositions concrètes, un interlocuteur privilégié du monde institutionnel européen, une référence pour les médias internationaux curieux de connaître la réalité de la vie loin de son (ou de ses) pays. Sans doute était-ce le moment, après une vie d’entreprise, une vie associative et une vie politique, de m’engager sur cette voie avec le souci de convaincre, de construire et d’apporter ma pierre à un projet en lequel je crois profondément: l’Europe des citoyens.
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Vive le foot féminin !
C’est le dernier week-end de la Coupe du Monde féminine de football. Demain soir, la Suède et l’Angleterre s’affronteront à Nice pour la petite finale, celle de la troisième place. Et dimanche à Lyon, la finale entre les USA, championnes du monde sortantes, et les Pays-Bas, championnes d’Europe, sera à coup sûr somptueuse. J’ai adoré ce mois de compétition en France. Je me suis pris au jeu, suivant presque tous les matches et emmenant un dimanche mes enfants par surprise au Stade du Hainaut à Valenciennes pour y voir un très beau Italie-Australie. Je leur avais dit, pieux mensonge pour ménager l’effet, que nous allions faire une petite promenade le long d’un canal du côté de la frontière franco-belge. Leur bonheur en arrivant à Valenciennes, puis durant tout le match m’avait touché. Ils étaient émerveillés. C’était leur première sortie dans un grand stade de foot. Et c’était pour un match féminin. J’espère qu’ils s’en souviendront.
Moi, je me souviendrai de cette Coupe du Monde. De la joie dans les stades, des supporters, de celles et ceux qui ont tant donné pour faire de ce moment une grande compétition. Et bien sûr aussi des superbes équipes qui y ont participé. A vrai dire, et ce n’est pas une coquetterie à quelques heures du dénouement, j’en arrive même à redouter l’après-Coupe du Monde. Je ne sais si je pourrai retourner avec la même passion au foot masculin. Pourquoi ? Parce que s’est exprimé un football généreux, engagé, altruiste, sans trucage ni simulation ni violence (ou presque). Dans cette Coupe du Monde, il n’y a eu aucune version féminine de Neymar plongeant dans toutes les surfaces de réparation à la recherche désespérée d’un pénalty ou se tordant de douleur pour des fautes imaginaires. J’ai eu l’impression de retrouver un football oublié, simple et juste, celui que j’avais appris petit lorsque, poussin au Stade Quimpérois, mon premier entraineur était … une footballeuse.
J’aurais aimé que la France gagne. Les Bleues de Corinne Diacre ont donné beaucoup de joie à des millions de supporters. Elles ne soulèveront pas la Coupe dimanche soir, mais elles auront, comme cela a déjà été dit, gagné le cœur des français. Comme mes enfants, j’ai adoré Wendie Renard, ses buts, son courage et aussi sa sagesse dans et en dehors du terrain. Les matins de match, ma question pour eux était toujours : «qui va marquer ce soir ?». Et leur réponse était invariablement : «Renard». J’ai aimé les dribbles, l’énergie et les courses d’Amel Majri. Et j’ai vibré pour les exploits de Megan Rapinoe, les buts d’Alex Morgan, les arrêts hallucinants de Sari van Veenendaal dans la cage néerlandaise ou la fulgurance d’Ellen White à la pointe de l’attaque anglaise. Sans oublier l’immense classe et les larmes bouleversantes de Marta au soir de l’élimination brésilienne. Nous avons vu du beau football et il est à parier que la formidable demi-finale entre les USA et l’Angleterre de mardi dernier restera dans les annales du jeu.
Dimanche soir, mon cœur d’Européen sera avec les Pays-Bas. Mais il y a aussi quelque chose en moi qui attend un but d’anthologie de Megan Rapinoe, histoire d’écrire un peu plus la légende. Viendra l’été, puis la reprise. J’espère que ces semaines de bonheur partagé par des millions de téléspectateurs conduiront davantage d’entre eux dans les stades de foot pour les matches féminins. Pour y assister et, mieux encore, pour y jouer. Car il faut plus de licenciées, c’est la clé des succès à venir. Et plus de budget, plus de retransmissions, plus de droits télévisés. L’économie du foot féminin doit croître avec l’effet Coupe du Monde, les salaires des joueuses aussi (pour réduire les écarts insensés avec les joueurs). J’irai au stade, dûment accompagné, car la question m’a été posée, pressante, depuis l’élimination française : «Papa, c’est quand qu’on verra Renard ?». Ce sera à Lyon, là où elle joue, ou pas loin de chez nous si la Champion’s League nous amène l’OL et ses championnes d’Europe. On n’a pas fini de vibrer.
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