Les élections européennes auront lieu dans 4 mois, entre le 6 et le 9 juin selon les pays. En France, ce sera le dimanche 9 juin. Jamais sans doute ce scrutin n’aura eu autant d’enjeux que cette année. L’Union européenne s’est construite sur une double promesse : celle de la paix et de la prospérité. L’une comme l’autre est aujourd’hui battue en brèche. Il y a la guerre sur notre continent. Vladimir Poutine entend asservir l’Ukraine et il ne s’arrêtera pas à ce pays si la Russie devait par malheur l’emporter. La Pologne et les Etats baltes seront visés à leur tour. La guerre russe en Ukraine a entraîné une redoutable crise de l’énergie, alimentant l’inflation, mettant à mal le pouvoir d’achat des Européens, entraînant pauvreté et exclusion. La souffrance sociale a rarement été aussi forte. Nombre d’entreprises se battent pour conserver leur activité. Et le monde qui vient n’est pas rassurant. Si, comme c’est à redouter, Donald Trump retrouvait la Présidence des Etats-Unis et une majorité au Congrès en novembre, le retrait américain laisserait l’Union européenne seule face à Poutine. Seule aussi face au conflit au Proche-Orient et ses menaces d’exportation au cœur de nos pays, seule face au danger terroriste, seule face aux pratiques commerciales chinoises. Seule finalement face à ses responsabilités et à son destin.
Il est temps, plus que jamais, pour l’Europe de se prendre en main, de construire sa souveraineté, de s’affranchir des tutelles, d’oser être elle-même. L’Europe est le dos au mur. Deux transitions essentielles doivent la mobiliser : la transition écologique et la transition digitale. C’est la résilience de l’économie européenne, de son modèle social, de ses choix collectifs et notamment de la protection de l’environnement et de la vie qui sont en jeu. Les Européens doivent être protégés, encouragés aussi à innover, à chercher, à entreprendre, à prendre des risques. Le bien collectif, cette prospérité aujourd’hui menacée, est à ce prix. L’Europe doit défendre son espace de liberté, de responsabilité et de solidarité. Elle doit défendre son cadre démocratique contre l’illibéralisme, contre les pratiques envahissantes des multinationales. Elle doit promouvoir les principes et valeurs qui accordent à chacun l’égalité des droits et des chances. L’Europe doit aussi rayonner, entraîner les Etats du sud, imaginer les solutions et les mettre en œuvre, là où se trouvent les périls, du climat à la pauvreté, de l’instabilité politique à l’immigration de la peur et de la faim. Elle doit porter un message d’action pour la paix, le droit et les droits, sans reculer, sans s’excuser. C’est son devoir, sa responsabilité dans le concert des nations.
L’Union européenne compte près de 450 millions d’habitants, femmes et hommes, citoyens. Une institution les unit : le Parlement européen. Toutes et tous, à l’âge de voter, en sont électeurs et y sont éligibles. Le Parlement européen porte la voix des Européens. Le Conseil ne le fait pas et la Commission européenne non plus. Une seule institution représente les citoyens et c’est le Parlement européen. Il y a tant de causes et de sujets qui traversent les frontières, qui rassemblent au-delà d’un seul pays. La protection des données personnelles en est une, la reconnaissance des diplômes en est une autre. Qui mieux que le Parlement européen peut les porter, loin des égoïsmes nationaux et des tentations protectionnistes ? Encore faut-il pour cela que le Parlement européen soit fort, composé de députés qui travaillent aux solutions, fabriquent la loi européenne et recherchent à cette fin les consensus nécessaires. Le Parlement européen n’est puissant que lorsqu’il rassemble les plus larges majorités d’idées et pèse décisivement dans l’échange avec le Conseil et le Parlement, y compris – et c’est essentiel – jusque dans les actes délégués et les actes d’exécution de la loi européenne, là où ils ne veulent pas de lui. S’il se divise, s’il s’abandonne aux dérives politiciennes, il ne compte plus et les citoyens européens avec lui.
Les périls qui menacent notre continent alimentent le vote populiste, à l’extrême-droite en particulier. Si nous votions en cette fin janvier, il est probable que le premier groupe parlementaire au Parlement européen serait un groupe d’extrême-droite, rassemblant le RN et Reconquête en France, l’AfD en Allemagne, les partis de Giorgia Melloni et Matteo Salvini en Italie, Vox en Espagne, le parti de Geert Wilders aux Pays-Bas, le PiS en Pologne, le Fidesz de Viktor Orban en Hongrie et bien d’autres. Ces partis ont en commun le nationalisme et le rejet de l’Union européenne. Leurs députés européens n’iront pas siéger à Strasbourg pour écrire la loi européenne, ils s’y rendront pour s’opposer, gripper les rouages de l’Union, faire échouer les projets. Prétendant parler au nom des citoyens européens, ils travailleront en réalité contre eux. Et le Parlement européen, livré à des batailles continuelles, ne pèsera plus, laissant la fabrique de la loi aux seuls Etats membres au sein du Conseil et à la Commission européenne. Cet effacement du Parlement européen, l’Europe ne peut, au regard des enjeux, se le permettre. Il faut pour la prochaine législature, de 2024 à 2029, un Parlement européen puissant, engagé, responsable, une assemblée où la voix des Européens soit affirmée et majoritaire.
La social-démocratie, appelons-la la gauche de gouvernement, a de toujours fait le choix de l’Europe. De très grands Européens sont issus de ses rangs : François Mitterrand, Willy Brandt, Helmut Schmidt, Olof Palme, Felipe Gonzalez, Mario Soares. Et Jacques Delors. Le choix européen est inhérent à ses valeurs. Dans beaucoup de pays, elle ne traverse pas ses meilleurs moments. C’est aussi le cas en France. En 2017, la gauche de gouvernement s’est fracturée, entre Emmanuel Macron et le Parti socialiste. Son espace politique demeure, mais il est occupé aujourd’hui par nombre de partis, initiatives, clubs, tous estimables et pourtant séparés. Le Parti socialiste a fait en 2022 le choix de l’alliance avec Jean-Luc Mélenchon, adversaire acharné de l’Europe, dont il n’ose se défaire par-delà un fumeux moratoire post-7 octobre. Il possède en Raphaël Glucksmann, le leader de Place Publique, un candidat passionné pour les élections européennes, mais le PS ne veut ni des partis, ni des initiatives, ni des clubs qui font vivre l’espace politique de la gauche de gouvernement. Les calculs nationaux prennent le pas sur les enjeux des élections européennes. Comme si, finalement, il était préférable de faire moins de voix, de gagner moins de sièges et que le Parlement européen compte peu pour ne pas insulter l’avenir.
Tout cela est profondément regrettable. Et ne peut ni ne doit rester en l’état. Dès lors que l’on ne veut pas de nous, sommes-nous condamnés, électeurs et acteurs de la gauche de gouvernement, à un vote par défaut pour le PS ou pour Renaissance ? Il y a des députés européens remarquables à Renaissance, mais Renew Europe, son groupe au Parlement européen, est d’abord un groupe libéral. Devrions-nous être contraints de n’être que des spectateurs des élections européennes, commentant dans l’anonymat les déclarations des uns ou des autres ? Ou n’est-il pas encore temps de faire un choix inverse, celui de rassembler nos idées, nos volontés et nos talents sur une liste, emmenée par une personnalité charismatique et appréciée des Français. Tant se jouera en 2024. Enjamber les élections européennes avec l’œil sur le coup d’après – 2027 – serait une erreur funeste au regard des enjeux, à rebours de la place de l’Europe dans notre identité politique. Il faut y aller, ne pas jouer petit bras, porter haut nos idéaux et nos couleurs, avoir l’Europe contagieuse et non honteuse, compter sur notre enthousiasme et notre capacité de convaincre, joyeusement, décisivement. L’Europe, c’est nous ! Nous, citoyens de l’Union, nous, militants de l’Europe, nous, femmes et hommes de gauche !
L’Europe, c’est nous !
Les élections européennes auront lieu dans 4 mois, entre le 6 et le 9 juin selon les pays. En France, ce sera le dimanche 9 juin. Jamais sans doute ce scrutin n’aura eu autant d’enjeux que cette année. L’Union européenne s’est construite sur une double promesse : celle de la paix et de la prospérité. L’une comme l’autre est aujourd’hui battue en brèche. Il y a la guerre sur notre continent. Vladimir Poutine entend asservir l’Ukraine et il ne s’arrêtera pas à ce pays si la Russie devait par malheur l’emporter. La Pologne et les Etats baltes seront visés à leur tour. La guerre russe en Ukraine a entraîné une redoutable crise de l’énergie, alimentant l’inflation, mettant à mal le pouvoir d’achat des Européens, entraînant pauvreté et exclusion. La souffrance sociale a rarement été aussi forte. Nombre d’entreprises se battent pour conserver leur activité. Et le monde qui vient n’est pas rassurant. Si, comme c’est à redouter, Donald Trump retrouvait la Présidence des Etats-Unis et une majorité au Congrès en novembre, le retrait américain laisserait l’Union européenne seule face à Poutine. Seule aussi face au conflit au Proche-Orient et ses menaces d’exportation au cœur de nos pays, seule face au danger terroriste, seule face aux pratiques commerciales chinoises. Seule finalement face à ses responsabilités et à son destin.
Il est temps, plus que jamais, pour l’Europe de se prendre en main, de construire sa souveraineté, de s’affranchir des tutelles, d’oser être elle-même. L’Europe est le dos au mur. Deux transitions essentielles doivent la mobiliser : la transition écologique et la transition digitale. C’est la résilience de l’économie européenne, de son modèle social, de ses choix collectifs et notamment de la protection de l’environnement et de la vie qui sont en jeu. Les Européens doivent être protégés, encouragés aussi à innover, à chercher, à entreprendre, à prendre des risques. Le bien collectif, cette prospérité aujourd’hui menacée, est à ce prix. L’Europe doit défendre son espace de liberté, de responsabilité et de solidarité. Elle doit défendre son cadre démocratique contre l’illibéralisme, contre les pratiques envahissantes des multinationales. Elle doit promouvoir les principes et valeurs qui accordent à chacun l’égalité des droits et des chances. L’Europe doit aussi rayonner, entraîner les Etats du sud, imaginer les solutions et les mettre en œuvre, là où se trouvent les périls, du climat à la pauvreté, de l’instabilité politique à l’immigration de la peur et de la faim. Elle doit porter un message d’action pour la paix, le droit et les droits, sans reculer, sans s’excuser. C’est son devoir, sa responsabilité dans le concert des nations.
L’Union européenne compte près de 450 millions d’habitants, femmes et hommes, citoyens. Une institution les unit : le Parlement européen. Toutes et tous, à l’âge de voter, en sont électeurs et y sont éligibles. Le Parlement européen porte la voix des Européens. Le Conseil ne le fait pas et la Commission européenne non plus. Une seule institution représente les citoyens et c’est le Parlement européen. Il y a tant de causes et de sujets qui traversent les frontières, qui rassemblent au-delà d’un seul pays. La protection des données personnelles en est une, la reconnaissance des diplômes en est une autre. Qui mieux que le Parlement européen peut les porter, loin des égoïsmes nationaux et des tentations protectionnistes ? Encore faut-il pour cela que le Parlement européen soit fort, composé de députés qui travaillent aux solutions, fabriquent la loi européenne et recherchent à cette fin les consensus nécessaires. Le Parlement européen n’est puissant que lorsqu’il rassemble les plus larges majorités d’idées et pèse décisivement dans l’échange avec le Conseil et le Parlement, y compris – et c’est essentiel – jusque dans les actes délégués et les actes d’exécution de la loi européenne, là où ils ne veulent pas de lui. S’il se divise, s’il s’abandonne aux dérives politiciennes, il ne compte plus et les citoyens européens avec lui.
Les périls qui menacent notre continent alimentent le vote populiste, à l’extrême-droite en particulier. Si nous votions en cette fin janvier, il est probable que le premier groupe parlementaire au Parlement européen serait un groupe d’extrême-droite, rassemblant le RN et Reconquête en France, l’AfD en Allemagne, les partis de Giorgia Melloni et Matteo Salvini en Italie, Vox en Espagne, le parti de Geert Wilders aux Pays-Bas, le PiS en Pologne, le Fidesz de Viktor Orban en Hongrie et bien d’autres. Ces partis ont en commun le nationalisme et le rejet de l’Union européenne. Leurs députés européens n’iront pas siéger à Strasbourg pour écrire la loi européenne, ils s’y rendront pour s’opposer, gripper les rouages de l’Union, faire échouer les projets. Prétendant parler au nom des citoyens européens, ils travailleront en réalité contre eux. Et le Parlement européen, livré à des batailles continuelles, ne pèsera plus, laissant la fabrique de la loi aux seuls Etats membres au sein du Conseil et à la Commission européenne. Cet effacement du Parlement européen, l’Europe ne peut, au regard des enjeux, se le permettre. Il faut pour la prochaine législature, de 2024 à 2029, un Parlement européen puissant, engagé, responsable, une assemblée où la voix des Européens soit affirmée et majoritaire.
La social-démocratie, appelons-la la gauche de gouvernement, a de toujours fait le choix de l’Europe. De très grands Européens sont issus de ses rangs : François Mitterrand, Willy Brandt, Helmut Schmidt, Olof Palme, Felipe Gonzalez, Mario Soares. Et Jacques Delors. Le choix européen est inhérent à ses valeurs. Dans beaucoup de pays, elle ne traverse pas ses meilleurs moments. C’est aussi le cas en France. En 2017, la gauche de gouvernement s’est fracturée, entre Emmanuel Macron et le Parti socialiste. Son espace politique demeure, mais il est occupé aujourd’hui par nombre de partis, initiatives, clubs, tous estimables et pourtant séparés. Le Parti socialiste a fait en 2022 le choix de l’alliance avec Jean-Luc Mélenchon, adversaire acharné de l’Europe, dont il n’ose se défaire par-delà un fumeux moratoire post-7 octobre. Il possède en Raphaël Glucksmann, le leader de Place Publique, un candidat passionné pour les élections européennes, mais le PS ne veut ni des partis, ni des initiatives, ni des clubs qui font vivre l’espace politique de la gauche de gouvernement. Les calculs nationaux prennent le pas sur les enjeux des élections européennes. Comme si, finalement, il était préférable de faire moins de voix, de gagner moins de sièges et que le Parlement européen compte peu pour ne pas insulter l’avenir.
Tout cela est profondément regrettable. Et ne peut ni ne doit rester en l’état. Dès lors que l’on ne veut pas de nous, sommes-nous condamnés, électeurs et acteurs de la gauche de gouvernement, à un vote par défaut pour le PS ou pour Renaissance ? Il y a des députés européens remarquables à Renaissance, mais Renew Europe, son groupe au Parlement européen, est d’abord un groupe libéral. Devrions-nous être contraints de n’être que des spectateurs des élections européennes, commentant dans l’anonymat les déclarations des uns ou des autres ? Ou n’est-il pas encore temps de faire un choix inverse, celui de rassembler nos idées, nos volontés et nos talents sur une liste, emmenée par une personnalité charismatique et appréciée des Français. Tant se jouera en 2024. Enjamber les élections européennes avec l’œil sur le coup d’après – 2027 – serait une erreur funeste au regard des enjeux, à rebours de la place de l’Europe dans notre identité politique. Il faut y aller, ne pas jouer petit bras, porter haut nos idéaux et nos couleurs, avoir l’Europe contagieuse et non honteuse, compter sur notre enthousiasme et notre capacité de convaincre, joyeusement, décisivement. L’Europe, c’est nous ! Nous, citoyens de l’Union, nous, militants de l’Europe, nous, femmes et hommes de gauche !