Le 18 septembre auront lieu les élections dans la ville-Etat de Berlin et dans ses mairies d’arrondissement. Les Français établis à Berlin pourront, comme tous les ressortissants de l’Union européenne, participer à ce scrutin pour l’élection des conseils d’arrondissement (« Bezirkverordneteversammlung – BVV »). C’est l’un des droits liés au chapitre sur la citoyenneté européenne consacré par le Traité de Maastricht et il faut espérer que nombreux seront nos compatriotes qui en feront usage. Ces élections de Berlin, dernier scrutin d’une année électorale pleine d’espérance pour la gauche allemande, ont en effet un sens politique fort, tant à la fois en raison des pouvoirs des « Bezirk » que du contexte actuel en Allemagne. En clair, il s’agit de préparer l’alternance en faveur d’un gouvernement fédéral de gauche.
L’autre enjeu est de bouter hors de Berlin les populistes des partis Die Freiheit et Pro-Deutschland, et surtout les néo-nazis du NPD, réélus au Parlement du Land de Mecklembourg-Poméranie Occidentale dimanche dernier, qui tapissent en ce moment les grandes artères de la ville d’affiches assorties d’un épouvantable slogan (« Plein Gaz !», traduction de « Gas Geben ! »). Apercevoir ces affiches près du Mémorial de l’Holocauste ne peut que révulser. La passivité des autorités face à leur diffusion laisse un goût amer. Le NPD, qui a des sortants dans 5 conseils d’arrondissement, espère une forte abstention pour les conserver. Chaque voix exprimée par un Français de Berlin le 18 Septembre sera une chance de le mettre en échec et de rétablir l’image de Berlin par les urnes.
Le miracle économique allemand vanté à l’envi par certains médias et par la Chancelière Angela Merkel dans les sommets européens ne bénéficie pas à tous. Nombreux sont celles et ceux qui, en Allemagne, peinent à joindre les deux bouts et qui, sur la feuille de paie, ne voient pas pour eux et leurs familles les bénéfices du rebond. L’écart entre les 10% des foyers les plus riches et les 10% les plus pauvres n’a jamais été aussi élevé par le passé qu’il ne l’est aujourd’hui. Alors que s’envolent les inégalités et que progresse la précarité, les milieux conservateurs, à l’instar de l’Institut de l’Économie Allemande de Cologne, continuent d’affirmer que les bas salaires payés quelques Euros à l’heure garantissent le bon fonctionnement du marché du travail. Ces réflexions-là trouvent relais au sein de la CDU et du FDP. La coalition de droite d’Angela Merkel a abandonné l’objectif de cohésion sociale qui était la marque de l’Allemagne d’après-guerre.
Comme en France, le débat politique allemand oppose fondamentalement ceux qui croient en un progrès économique, social et écologique nécessairement partagé et ceux pour qui l’avenir ne s’écrit qu’aux couleurs du laissez-faire libéral et du pessimisme européen revendiqué. Le refus d’Angela Merkel de faire le choix fédéraliste du gouvernement économique européen et des Eurobonds a joué, aux côtés des coups de menton de Nicolas Sarkozy, un rôle majeur dans la propagation de la crise des dettes souveraines depuis les premières difficultés de la Grèce en 2010. Le plus cruel des commentaires est finalement celui d’Helmut Kohl il y a quelques semaines : « L’Allemagne n’est plus une puissance qui compte ni sur le plan intérieur, ni sur le plan international ». Le rejet de la solidarité européenne, l’absence d’engagement contre le régime de Mouammar Kadhafi et l’idéologie anti-impôts ne peuvent constituer l’avenir de l’Allemagne.
Voilà pourquoi le bulletin de vote aux couleurs du SPD et de Klaus Wowereit doit être la réponse le 18 septembre. Pour ancrer Berlin à gauche, pour construire demain un gouvernement de gauche en Allemagne ! A Berlin le 18, mais aussi en Basse-Saxe et en Brandebourg dès le 11 septembre, puisque s’y dérouleront ce jour-là les élections municipales, votons SPD !