La Commission européenne a proposé de taxer de 37% à 68% les panneaux solaires chinois importés en Europe. C’est une décision heureuse, même si elle intervient bien tard et, pour un certain nombre de concurrents européens, trop tard. Voilà en effet deux à trois années que les fabricants européens de panneaux solaires étaient débordés par des importations à des prix défiant toute concurrence, soutenus à l’évidence par des subventions du gouvernement chinois, dans un contexte de monnaie délibérément sous-évaluée et de dumping environnemental et social. Il en est résulté un désastre économique et social, qui se chiffre en dizaines de milliers d’emplois perdus, essentiellement en Allemagne, mais aussi en France et en Espagne.
Une union douanière doit pouvoir se défendre contre la concurrence déloyale. Le marché unique européen ne saurait se résumer à la liberté du renard dans le poulailler : tout accepter, ne jamais se défendre, par un mélange de béatitude et d’inaction. La Commission européenne et les Etats membres ont, comme d’habitude, palabré des mois durant sur l’opportunité d’une initiative alors que chaque semaine apportait tragiquement son lot d’infortune dans un secteur éminemment stratégique. C’est un outil industriel qui a pour l’essentiel été rayé de la carte. Des centaines de millions d’Euros en investissement et recherche-développement perdus. Des villes et régions sinistrées, comme le Brandebourg et la Saxe.
Les tarifs d’achat et autres appels d’offre qui soutiennent l’équipement en panneaux solaires en Europe n’ont de sens que s’ils encouragent le développement d’une filière industrielle européenne. L’on ne peut demander au consommateur européen un effort sur sa facture d’électricité si cela finance uniquement l’emploi en Chine. Ce n’est pas politiquement tenable. Et ce n’est pas économiquement responsable. Il faut pouvoir se faire concurrence loyalement. Les panneaux solaires chinois sont les bienvenus en Europe pour peu que la concurrence soit juste. Nous devons pouvoir défendre l’emploi. Les règles de l’OMC permettent d’imposer un petit pourcentage de contenu local pour l’accès au marché. Idem pour la fixation d’une empreinte carbone maximale ou d’une obligation de recyclage.
Les Chinois menacent les Européens d’un contentieux à l’OMC. Le FDP et le Ministre Philipp Rösler s’en font l’écho en Allemagne, assurant que la sanction par la taxation des importations ne saurait être le bon instrument. Mais quel est le bon instrument alors ? Faut-il accepter que l’Europe ne soit tout au plus qu’un vaste supermarché dans lequel seraient vendus des produits fabriqués ailleurs parce que la concurrence déloyale nous aurait mis à genoux ? Quand pourrons-nous accéder au marché chinois aussi facilement et librement que les Chinois accèdent au nôtre ? N’ayons pas peur de parler haut et fort car c’est en étant ferme que l’on est respecté. Et agissons vite car deux années de « réflexion » face à la concurrence déloyale, c’est malheureusement le plus sûr chemin vers l’échec industriel.
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