Les élections du 22 septembre au Bundestag sont sans conteste une grande victoire pour la Chancelière Angela Merkel. La CDU et la CSU obtiennent leur meilleur score depuis 1900 et frôlent la majorité absolue. Sans doute cette victoire aux allures de plébiscite est-elle celle de la Chancelière bien plus que celle de son parti. Les Allemands ont su gré à Angela Merkel de les avoir protégés durant les années de crise financière et des dettes souveraines. La fermeté de ses positions à l’échelle européenne, sa pratique modeste du pouvoir et la bonne santé économique du pays ont incontestablement joué en sa faveur.
Pour le SPD, la déception est rude. Le parti pointe près de 16 points derrière la CDU-CSU, malgré une campagne pugnace sur le terrain, à laquelle j’avais eu le plaisir de prendre part à Bochum avec mon ami Axel Schäfer, largement réélu pour un nouveau mandat de député. Le SPD n’est pas parvenu à regagner le terrain perdu dans l’électorat de gauche depuis une dizaine d’années. La gauche allemande est plus que jamais divisée et cette division lui ferme à ce stade toute perspective d’alternance à l’échelle fédérale. Elle représente certes un bloc légèrement supérieur à la CDU-CSU dans le nouveau Bundestag, mais une coalition avec Die Linke est exclue.
Le FDP et l’AFD absents de la nouvelle assemblée, il est probable que c’est vers le SPD que se tournera la Chancelière pour former un gouvernement pour les quatre années à venir. Est-ce l’intérêt de l’Allemagne ? Sans doute, si le programme de cette coalition devait conduire à l’instauration d’un salaire minimum dans le pays et mettre l’accent sur la consommation intérieure, ouvrant de fait la voie vers l’urgente prise en compte de l’objectif de croissance à l’échelle européenne. Et si l’Allemagne s’engage aussi contre le dumping social dans l’Union à 28 et pour un retrait de la directive sur le détachement des travailleurs.
La Chancelière a besoin de travailler avec le SPD, qui détient la majorité au Bundesrat. Cette majorité va d’ailleurs progresser avec le résultat des élections régionales en Hesse. Il faudra donc au parti vainqueur faire les concessions nécessaires pour qu’un programme cohérent de gouvernement, facteur de progrès social, puisse être mis en place. Une Allemagne plus ouverte à l’Europe sociale et à l’intégration solidaire, c’est l’attente, je crois, d’une large partie des Européens.