C’est à Belgrade que j’ai fait, les 18 et 19 décembre, mon dernier déplacement de l’année 2013. Déplacement planifié de longue date, à un moment où nous ignorions encore qu’il coïnciderait avec l’aval donné par le Conseil européen de Bruxelles à l’ouverture, dès le mois de janvier 2014, des négociations d’adhésion de la Serbie à l’Union européenne. J’aurai donc vécu sur place deux journées, si ce n’est historiques, à tout le moins particulières dans l’histoire d’un pays qui, depuis des années, attendait cette décision et avait consenti à de nombreux efforts dans cette perspective, tant avec l’arrestation et le transfert des derniers criminels de guerre en fuite des années Milosevic au Tribunal Pénal International qu’avec la normalisation récente de ses relations avec le Kosovo.
A Belgrade, j’ai été accueilli par l’Ambassadeur de France François-Xavier Deniau et ses principaux collaborateurs. Dans un pays lié à la France par une longue amitié, que l’histoire des deux guerres mondiales rappelle notamment, la place et le rôle de notre Ambassade sont essentiels. La France est et reste attentive à la Serbie. Le Président Jacques Chirac fut le premier chef d’Etat à se rendre en Serbie après la fin des bombardements de l’OTAN en 1999 et la transition démocratique qui avait suivi, marquant ainsi notre fidélité au-delà du désaccord qui avait opposé les deux pays sur le Kosovo et la politique de Slobodan Milosevic. Une visite officielle du Président Tomislav Nikolic à Paris au printemps prochain à l’invitation du Président François Hollande serait par ailleurs envisagée.
Avec le début des négociations d’adhésion, le plus dur commence pour la Serbie. Absorber le fameux acquis communautaire n’est pas tâche aisée. Le concours, les conseils et les encouragements de la France ne seront pas de trop. Ceci doit se traduire au plan politique bien sûr, mais aussi économique. Il existe à Belgrade une dynamique Chambre de Commerce Franco-Serbe, qui compte une centaine de membres dont la connaissance intime de la réalité commerciale locale doit être mise à profit pour la conquête de marchés comme pour l’investissement français. Rencontrant les conseillers du commerce extérieur, j’ai eu l’occasion de leur dire mon soutien au mécanisme de délégation de service public mettant en situation les chambres de commerce et leur valeur ajoutée.
Le concours de la France, c’est aussi une présence culturelle solide. L’Institut français existe dans le centre de Belgrade depuis plus de 60 ans et est reconnu comme la meilleure institution culturelle étrangère dans le pays. Sa médiathèque offre 18 000 items et le nombre d’apprenants aux cours de français se situe aux alentours de 3 300 sur base annuelle. Ce nombre d’apprenants, s’il est important, recule cependant. Pour de nombreux Serbes, amoureux de notre culture, mais touchés par la crise économique, il est difficile en effet de faire face au coût des cours. Sans doute aussi pâtissons-nous du fait que le français est perçu comme le choix de l’âme bien plus que comme une nécessité professionnelle, à l’inverse de l’allemand dont l’apprentissage en Serbie, appuyé par de très gros moyens, décolle.
L’apprentissage du français et plus généralement la dotation consacrée à la coopération bilatérale doivent rester des priorités. La Serbie est une terre d’opportunités. Encore faut-il se donner les moyens de les relever. L’internationalisation de l’économie serbe, condition de la réussite de son entrée dans l’Union européenne, reste encore faible. L’investissement français en Serbie bénéficiera de jeunes formés à notre langue comme aussi aux disciplines commerciales et techniques dans nos écoles et universités. Il y a actuellement 650 étudiants serbes en France, parmi lesquels 30 boursiers du gouvernement français. Ce devrait être bien plus. Il existe en Serbie 4 chaires universitaires francophones et 8 établissements scolaires dotés de classes bilingues formant 450 élèves par an. La France en forme les professeurs et finance 6 postes de lecteurs français langue maternelle.
L’Ecole Française de Belgrade (EFB), qui compte 520 élèves, est un fleuron de notre présence culturelle. Etablissement à gestion parentale, elle obtient d’excellents résultats. Reste néanmoins qu’elle doit, pour sa pérennité, résoudre rapidement une problématique immobilière sensible. Aucune école ne peut en effet vivre et se développer entre 7 pavillons distincts comme c’est le cas de l’EFB. Un gros travail d’assainissement et d’organisation a été conduit sous la direction de la proviseure, Véronique Loiseau. Le Ministère serbe de la Défense, saisi par l’Ambassadeur Deniau, a proposé l’installation de l’EFB dans un bâtiment situé sur l’emprise foncière de l’académie militaire, à proximité du site actuel et d’installations sportives modernes. C’est une nouvelle très encourageante et il faut espérer que les discussions en cours débouchent rapidement sur un accord.
La population française en Serbie est d’environ 1 500 personnes, le plus souvent binationales. C’est en Serbie que se trouve la part de binationaux la plus élevée de ma circonscription (près de 80%). Le comité consulaire pour l’action et la protection sociale, présidé par la Consule Benoîte Dominguez, aide régulièrement une vingtaine de compatriotes. Des aides ponctuelles sont également versées. Une cinquantaine d’élèves de l’EFB perçoivent une bourse scolaire. J’ai tenu une permanence au Consulat, recevant plusieurs compatriotes sur les questions d’accès à l’emploi, d’enseignement et de restitutions de biens. J’ai également tenu une réunion publique de compte-rendu de mandat à l’Ambassade. A l’EFB, j’ai rencontré la direction, les parents d’élèves et les professeurs.
Je me suis rendu au bureau du gouvernement de Serbie chargé de la coopération avec la diaspora serbe et les Serbes de la région et y ai rencontré la directrice Nikolina Milatovic. La diaspora serbe joue un rôle important pour le pays et son économie. Il reste une importante population serbe dans les républiques de l’ex-Yougoslavie, notamment en République serbe de Bosnie. Cette population n’est pas considérée comme faisant partie de la diaspora. Pas plus que les Serbes établis depuis des siècles en Hongrie, Bulgarie ou Roumanie. Cette différence entre diaspora et présence de citoyens serbes à l’étranger rend improbable à prime abord une comparaison avec notre représentation française à l’étranger. J’ai cependant dit à Madame Milatovic mon souhait de connaître l’organisation associative des Serbes à l’étranger dans le cadre du rapport que j’élaborerai en 2014 pour la commission de la culture et de l’éducation de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe.
Je reviendrai en Serbie en 2014. J’espère convaincre quelques Ministres du gouvernement français de se rendre à Belgrade, notamment la Ministre du Commerce Extérieur Nicole Bricq et le Ministre de l’Agroalimentaire Guillaume Garot, qui prépare pour le début du printemps un voyage dans les Balkans auquel je serai associé. Pour notre présence française et pour les opportunités de marché (agroalimentaire, privatisations à venir dans les télécommunications, énergie), rien ne vaut en effet une visite ministérielle régulière. La Serbie redeviendra la colonne vertébrale des Balkans qu’elle fut à une certaine époque et il est de l’intérêt de notre pays, plus que jamais, d’y être.
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