J’ai effectué en fin de semaine passée un déplacement à Dortmund, Essen et Düsseldorf. A Dortmund, j’ai tenu une permanence et une réunion publique à l’Auslandsgesellschaft, lieu vibrionnant depuis 65 ans de toutes les initiatives inter et multiculturelles de cette grande ville de la Ruhr, jumelée à Amiens. J’y ai été accueilli par le président Klaus Wegener et l’une de ses collègues, Pascale Gauchard, une compatriote. Tous deux m’ont présenté les activités et la vocation internationale de l’Auslandsgesellschaft, qui abrite notamment la société franco-allemande et de nombreuses autres associations qui, notamment par des conférences, des expositions, des échanges et des voyages, font vivre le dialogue et la solidarité internationale. La tolérance, l’humanité et le chemin vers l’autre sont des valeurs dont on ne parle jamais suffisamment, surtout en ces temps qui voient prospérer les populismes et la xénophobie.
J’ai visité à Essen le jardin d’enfants franco-allemand, accueilli avec bonheur par les chants des bambins. Voilà 40 ans qu’existe cette petite école, initialement fondée pour ses personnels par une entreprise française qui achetait du charbon dans la Ruhr et reprise ensuite par la ville de Essen. Le jardin d’enfants, qui a bénéficié à deux reprises par le passé du soutien du programme Français Langue Maternelle, compte 50 enfants âgés de 3 à 6 ans. Il est divisé en deux groupes. Dans chacun des groupes travaillent en binôme deux enseignantes françaises et allemandes. Les enfants viennent pour l’essentiel du quartier et poursuivent après l’âge de 6 ans leur scolarité dans une école primaire proche, où travaillait cette année, grâce à l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse, un instituteur français en échange. Le bilinguisme se construit ainsi, par la passion joyeuse d’enseignants et de parents.
Dans une ville qui se dépeuple (Essen avait 730 000 habitants il y a 40 ans et en a 600 000 aujourd’hui) et qui a su cependant gérer la reconversion vers les services des activités minières et de la sidérurgie, le combat pour l’apprentissage de notre langue est un défi essentiel. Celui-ci est relevé par le Centre culturel franco-allemand et son directeur Michel Vincent. Le Centre culturel est né en 1971, à la fermeture de l’Institut français. C’est une institution locale, soutenue et financée par la ville de Essen. Cet engagement de nos amis allemands pour la diffusion de notre culture mérite d’être souligné et mis largement en valeur. En faisons-nous en effet autant chez nous ? Je crains fort que non. L’idée m’a traversé ces derniers mois de demander au Ministre des Affaires étrangères la Légion d’Honneur pour Essen, mais aussi pour les villes de Fribourg/Brisgau, Karsruhe, Aix-la-Chapelle, Erlangen et Rostock où les municipalités financent de tels centres. Nous tous, francophones et francophiles, leur devons tant.
J’ai visité le Centre culturel avec Michel Vincent. Sa médiathèque contient 17 000 ouvrages. Les activités du Centre rayonnent au-delà de la ville, dans le bassin de la Ruhr, en particulier pour les relations scolaires et universitaires, mais aussi pour la programmation culturelle et artistique. J’ai été particulièrement impressionné par les initiatives du Centre dans le domaine du cinéma et par la qualité des conférences qui y sont organisées. Je salue aussi le travail mené par Monsieur Vincent pour le développement de modules de français dans les lycées de Essen. J’ai eu plaisir à rencontrer le professeur Dieter Wolff, spécialiste de linguistique, ainsi que son épouse française, qui donnent beaucoup de leur temps au Centre culturel. Je reviendrai à Essen le 6 septembre prochain pour la fête des 40 ans du Kindergarten et repasserai par le Centre. Ce sera peut-être l’occasion pour moi de rencontrer les animateurs de la crèche franco-allemande « Le monde des petits », que je n’ai pu visiter cette fois-ci.
A Düsseldorf, après une permanence à l’Institut français, je me suis rendu en compagnie du Consul général Michel Giacobbi à la fête française. La Frankreich Fest est devenue année après année une institution de l’été sur les bords du Rhin. De nombreuses régions étaient présentes, parmi lesquelles l’Alsace et la Bretagne. J’y ai retrouvé quelques amis de Fouesnant, ville jumelle de Meerbusch, venus pour l’occasion, au point d’animer avec binious, bombardes et gavottes la mi-temps du quart de finale de la Coupe du Monde entre la France et l’Allemagne dans la cour de l’hôtel de ville ! Prenant la parole après le Consul général, j’ai salué le travail de notre communauté française pour cette belle fête et, saine précaution au regard du résultat final, j’ai rappelé aussi qu’entre la France et l’Allemagne, le vainqueur du match de football serait l’Europe. Je serai de retour à Düsseldorf en septembre pour une visite au Lycée français et les premiers kilomètres du nouveau bibliobus de l’Institut français, pour l’achat duquel j’ai mobilisé ma réserve parlementaire.
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