J’ai accompagné le Premier ministre Manuel Valls dans sa visite en Allemagne en ce début de semaine. L’objectif de ce déplacement, prévu de longue date, était de présenter l’engagement et les réalisations du gouvernement français en faveur de la compétitivité de notre économie et du rééquilibrage de nos comptes publics. Il s’agissait, non de rechercher le soutien ou l’indulgence du gouvernement allemand, mais de souligner le travail entrepris depuis deux ans, sans précédent dans l’histoire récente de la France : réduction des déficits, maîtrise de la dépense publique, flexi-sécurité et libéralisation de certaines activités réglementées. Car des discours aux actes, comme l’a rappelé Manuel Valls tant avec la Chancelière Angela Merkel que devant le patronat allemand, osant une allusion à un ancien Président de la République revenu cette semaine dans la vie publique, il y a une distance que nombre de gouvernants n’avaient jamais osé affronter.
Ce n’est ni l’Europe, ni l’Allemagne qui requièrent de la France qu’elle mette en ordre ses finances publiques et affronte son déficit de compétitivité. C’est le choix souverain de notre pays, porté par la majorité parlementaire. Il convenait de l’expliquer en Allemagne, dont la France est le premier client et le premier fournisseur. Depuis deux ans, j’avais regretté que cet effort ne soit pas conduit de manière cohérente. Manquaient notamment une expression précise devant le monde de l’entreprise allemand et plus encore un travail en amont avec la presse allemande, notamment économique, dont on ne mesure pas en France l’influence dans le débat public. Malgré l’engagement sincère de Jean-Marc Ayrault, ami fidèle de l’Allemagne, il manquait un suivi gouvernemental d’ensemble, une attention particulière, une souplesse d’esprit qui auraient permis d’éviter, de part et d’autre d’ailleurs, bien des jugements à l’emporte-pièce et des malentendus.
Manuel Valls s’y est employé, tant à Berlin avec la Chancelière et le patronat qu’à Hambourg, où figuraient à son programme, outre une visite d’Airbus, un dîner de travail avec plusieurs acteurs économiques de la ville-Etat. Il faut maintenant construire sur la dynamique de cette visite et cette responsabilité incombe prioritairement aux Ministres des deux gouvernements, aux milieux économiques et, aussi, aux parlementaires. Les efforts français présentés par le Premier ministre doivent, par ailleurs, convaincre du besoin d’une initiative européenne de croissance. Une politique nationale de réduction des déficits, courageuse et nécessaire, ne peut produire ses effets si elle se heurte plus largement à un contexte européen de stagnation économique et de déflation menaçante. C’est de l’intérêt de l’Allemagne de mobiliser ses excédents au bénéfice de la croissance européenne et donc de ses propres entreprises.
J’ai participé à ces deux journées comme député des Français d’Allemagne et président du groupe d’amitié France-Allemagne. Depuis le début de mon mandat, je me fais à l’Assemblée nationale le VRP d’une relation franco-allemande certes passionnée, mais avant tout concrète, orientée vers le résultat, que celui-ci soit économique, commercial ou citoyen. En France, nous devons retrouver une envie d’Allemagne, au-delà des commémorations. Il faut passer du dire au faire, se retrousser les manches, plonger les mains dans le cambouis. C’est comme cela que les progrès se créent, les vrais. Je souhaite qu’un programme précis de visites soit mis en place du côté du gouvernement français, qui ne se limite pas à un rapide voyage à Berlin (il n’y a guère que dans le 7ème arrondissement que l’on pense que l’Allemagne, c’est Berlin…) et fasse toute sa place à la diversité fédérale du pays. J’ai regretté à ce titre que l’étape de Stuttgart, initialement prévue à l’agenda du Premier ministre, soit supprimée. Le Land du Bade-Wurtemberg attend à raison depuis longtemps une visite ministérielle française.
Ces visites devront ménager un temps avec les Français d’Allemagne. Ce devait être le cas à Stuttgart. La dimension citoyenne de la relation franco-allemande est l’une de ses plus inspirantes richesses. Aucune opportunité ne doit être écartée ou ignorée. J’ai accueilli avec plaisir l’annonce à Berlin par le Premier ministre que la France répondrait favorablement au souhait des organisateurs de la Foire du Livre de Francfort de voir notre pays en être l’invité d’honneur en 2017. Comme d’autres, j’avais agi en coulisses en faveur de ce choix, ne comprenant en rien le silence aussi prolongé qu’embarrassé du gouvernement et des éditeurs depuis la formulation de cette invitation en juin 2013. Il faudra faire de notre présence à la Foire de Francfort en 2017 un évènement utile pour notre culture, notre industrie du livre et notre économie. Dans mon rôle et à ma place, je m’y emploierai.
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