Chaque année, vers la fin du mois d’octobre, a lieu à Heidelberg et Mannheim une semaine française très prisée de tout un public francophile établi entre Rhin et Neckar. J’avais assisté à l’ouverture de ce festival en 2011 et promis aux organisateurs, après mon élection à l’Assemblée nationale, d’y revenir comme conférencier. Chose promise, chose due, je me suis retrouvé mercredi soir face à une centaine de personnes à l’Université de Mannheim pour plancher sur l’Europe du savoir et le multilinguisme. Ce fut un moment privilégié d’échange avec un public jeune et motivé, attentif aux analyses et propositions faites, et légitimement exigeant quant à l’avenir de l’Europe à imaginer. J’ai eu plaisir à retrouver Caroline Mary-Franssen, organisatrice de la soirée, que je reçois chaque année avec ses étudiants à l’Assemblée nationale, et aussi à partager la scène avec une jeune artiste française de Heidelberg, Amélie Saadia, dont le talent musical et la joie de vivre m’auront touché tout autant que chacun des spectateurs. A l’image d’Amélie, il y a, dans notre communauté franco-allemande, une somme incroyable de talents prometteurs qu’il faut absolument encourager et faire connaître.
De Mannheim, je me suis rendu à Walldorf jeudi matin pour y visiter le siège de SAP. Je connaissais bien sûr les produits de SAP, dont mon entreprise, parmi tellement d’autres, s’était équipée. J’avais également lu sur l’histoire de SAP, mais il me fallait encore la palper in situ. J’ai été accueilli à Walldorf par Karim El-Salamoni, directeur de la communication et des relations gouvernementales. SAP à Walldorf, c’est une ville dans la ville. De nombreux bâtiments reliés les uns aux autres, où travaillent des milliers de salariés. Et un Kindergarten qui accueille près de 400 enfants ! J’ai pu découvrir les enjeux de l’entreprise et ses réalisations, notamment le programme SAP Hanna appliqué au sport et à l’exercice de la médecine. J’ai visité le pavillon Inspiration, qui projette vers l’avenir et rappelle aussi l’itinéraire d’une idée née de la volonté de quelques anciens cadres d’IBM en 1972 et dont la réalisation aura conduit depuis à la création de l’un des groupes les plus puissants au monde. J’ai rencontré aussi un groupe d’employés français de SAP. J’étais curieux de connaître leur parcours, en Allemagne et dans le groupe. Près de 80 Français travaillent sur le site de Walldorf et sur un autre site de SAP situé à proximité.
De Walldorf, j’ai gagné Heidelberg. Heidelberg est une ville particulière pour moi, souvenir sans doute de mes cours d’allemand, qui m’entrainaient immanquablement vers cette Allemagne des fleuves et des collines, des universités et des livres. Revenir à Heidelberg est toujours un bonheur et un ressourcement. Ma première étape était une visite à l’école française Pierre et Marie Curie. Pas loin de 200 élèves, répartis en 4 classes de maternelle et 6 classes de primaire, y sont inscrits. Créée en 1997, l’école bénéficie du soutien précieux de la ville et du Land de Bade-Wurtemberg, jouissant depuis 2002 du statut d’Ersatzschule pour ses classes de primaire. Cet engagement des autorités locales et régionales permet, par un concours financier substantiel, de maintenir les frais de scolarité à un niveau acceptable (2 500 Euros par écolier par an) et d’insérer idéalement l’établissement dans le réseau scolaire de la ville. A l’issue du CM2, c’est tout naturellement que les enfants, maîtrisant couramment le français et l’allemand, basculent vers le Bunsen Gymnasium voisin, qui offre une filière Abibac. Le statut d’Ersatzschule est, de mon point de vue, un élément essentiel pour le développement et l’avenir de nos écoles en Allemagne.
A Heidelberg, j’ai tenu une réunion publique de compte-rendu de mandat au restaurant Romer, présentant mon action à Paris et en circonscription aux compatriotes qui avaient répondu à mon invitation. Cela m’a permis notamment de revenir sur les difficultés récemment rencontrées en matière de reconnaissance de l’examen du permis de conduire français par les autorités allemandes, sujet sur lequel j’ai adressé la semaine passée une question écrite au Secrétaire d’Etat aux Transports. J’ai présenté aussi mon travail sur le Protocole de Kyoto et sur le budget de l’écologie et du développement durable pour le compte de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Nous avons évoqué la situation économique en France et la nécessité pour notre pays de conduire les réformes requises en faveur de la relance de la compétitivité de l’économie française et l’employabilité de notre jeunesse. J’ai pu revenir également sur mes interventions en matière fiscale, en particulier sur les retraites complémentaires françaises en Allemagne, et sur l’accès par Internet en rattrapage aux programmes de télévision française depuis l’étranger.
Du restaurant Romer, j’ai rejoint la Maison de Montpellier toute proche, accueilli par la directrice Karla Jauregui, et y ai reçu à l’occasion d’une permanence les compatriotes désireux de me rencontrer individuellement. La Montpellier Haus, c’est toute l’histoire de la relation puissante entre Heidelberg et Montpellier, unies depuis 1954 par un jumelage des universités et depuis 1961 par un jumelage des villes elles-mêmes. La Maison a ouvert en 1986 et joue, à Heidelberg et en Allemagne, le rôle d’une petite Ambassade de Montpellier, de sa création culturelle et de ses activités universitaires et de recherche. Sur la médecine et le droit, mais aussi sur le numérique et la théologie, il y a beaucoup en commun entre les deux universités partenaires. La Maison de Montpellier développe une programmation culturelle très active. Des groupes de conversation, des animations enfantines et un café philosophique s’y réunissent chaque mois. Cinq étudiants de Montpellier séjournent également dans la maison. Et tout en haut, sous le toit, jouissant d’une vue unique sur le château, une légendaire « chambre du Maire », appelée ainsi en souvenir des visites de Georges Frêche au bord du Neckar, est mise à disposition des universitaires et artistes montpelliérains de passage.
J’ai achevé mon périple par une soirée émouvante à la Friedrich-Ebert Haus. Un spectacle de lectures croisées de lettres de soldats allemands et français de 1914 y était organisé. Intitulé « Nouvelles du Front », mêlant la musique aux lectures, il figurait, comme ma conférence la veille à Mannheim, au programme de la semaine française et bénéficiait du soutien de l’Institut français de Stuttgart. A la Friedrich-Ebert Haus, j’ai retrouvé la directrice de la semaine française, Erika Mursa, qui préside le cercle culturel franco-allemand de la ville. Je lui ai promis un retour en 2015.
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