Avec Marie-Françoise Bechtel, députée de l’Aisne, et une trentaine d’autres collègues à l’Assemblée nationale, j’ai signé la semaine passée un appel en faveur de la reconnaissance du burn out (ou épuisement professionnel) comme maladie professionnelle. C’est une cause que je m’étais promis de porter durant mon mandat. Le burn out est une maladie moderne, conséquence de rythmes de travail insensés, d’objectifs impossibles à tenir et parfois aussi de harcèlement hiérarchique, doublé d’un chantage à l’emploi. Cette maladie ruine la santé et la vie de la personne qui en souffre. Elle peut également mettre à mal une famille. Tout le monde peut malheureusement en être victime. Le burn out n’est pas le « coup de déprime » essuyé par quelques individus « prédisposés », que certains milieux, hostiles à notre initiative, se plaisent à décrire. C’est une pathologie profonde et menaçante, dont l’issue a parfois été fatale.
Lorsqu’un médecin prescrit du repos à son patient en raison d’un burn out, ce dernier est indemnisé par le régime général de la sécurité sociale, comme le serait n’importe quel patient arrêté pour maladie. C’est la solidarité nationale, et donc les Français, par le biais des différentes cotisations, qui supporte les frais découlant de cette maladie pourtant liée aux conditions de travail. L’on peut dès lors parler de « double statut de victime », puisque les personnes touchées par un épuisement professionnel sont celles qui, en prime, doivent aussi financer les effets de conditions de travail de plus en plus stressantes. En reconnaissant le burn out comme maladie professionnelle, l’indemnisation des patients ne reviendrait plus au régime général de la sécurité sociale, mais à la branche « Accident du travail – Maladies professionnelles », financée à 97% par les cotisations patronales.
Il est grand temps de sortir du non-dit. La société dans laquelle nous vivons crève d’une course effrénée à la rentabilité, qui broie ici et là les individus et les destins. Il y a des méthodes de management qui entretiennent le stress à dessein, en vertu d’une croyance imbécile en ce qu’une personne sur ses gardes, tourmentée et angoissée, produira toujours plus par crainte de sombrer et de tout perdre. Toutes les entreprises, loin s’en faut, ne s’adonnent pas à de telles pratiques. Celles-ci sont plus souvent le fait de supérieurs enfermés dans leurs certitudes, leur ambition, leur méchanceté et leur bêtise. Elles doivent en tout état de cause être traquées et réprimées. Au-delà de la reconnaissance du burn out stricto sensu, je suis, à titre personnel, favorable au renforcement de la pénalisation des faits de harcèlement professionnel, tant pour le harceleur que l’entreprise qui l’emploie.
Il s’agit là de mettre un contenu réel dans le concept encore incertain de responsabilité sociale de l’entreprise. L’entreprise est mon monde. J’y ai passé plus de 20 ans de ma vie. J’y ai beaucoup appris et j’en reste fondamentalement passionné. L’entreprise est un lieu de production de richesses. Elle est aussi un lieu de vie, de collaboration et de découverte. Elle ne peut être la jungle. La souffrance et la perte de l’estime de soi ne doivent y avoir cours. La reconnaissance du burn out comme maladie professionnelle vise à envoyer ce message-là aussi. Oui, affronter la concurrence est exigeant. Mais c’est avec sérénité, humanité et détermination que ces défis se relèvent.
Laisser un commentaire