J’ai participé la semaine passée au nom de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) à une très intéressante conférence organisée à Riga par la présidence lettonne de l’Union européenne. Cette conférence avait pour thème la relance de la mobilité intra-européenne et le retour d’expérience des diasporas des Etats membres. Nous avons traité de plusieurs thématiques, touchant notamment aux aspects macro-économiques de la mobilité, au cadre juridique de celle-ci ainsi qu’aux mécanismes d’assurance et de protection sociale. La question du retour dans le pays d’origine a également été débattue, de même que le rôle des multiples diasporas et de leurs organisations pour l’intégration dans le pays de résidence et le maintien du lien citoyen ou affectif avec le pays d’origine. J’ai pu présenter les premiers éléments du rapport que je prépare sur le rôle des réseaux associatifs et d’éducation des diasporas pour le compte de la Commission de la Culture de l’APCE. Vous trouverez en pièce jointe les notes (en anglais) que j’avais préparées pour mon intervention.
La conférence était animée par plusieurs représentants d’organisations nationales de diasporas, représentées au sein de la confédération européenne Les Européens dans le monde, avec laquelle je collabore étroitement. Je connais la confédération pour en avoir été administrateur au titre de Français du Monde – ADFE, à l’époque membre, au tournant des années 2000. La confédération était alors dirigée par l’ancien Président du Parlement européen Enrique Baron Crespo. Elle l’est aujourd’hui par Niels Thogersen, représentant les Danois à l’étranger. Le travail mené par Les Européens dans le monde est éminemment précieux tant nos vies à l’étranger sont finalement le baromètre des réussites, des échecs et aussi des carences de l’Europe. L’absence de reconnaissance mutuelle en Europe des évaluations nationales du handicap, exemple que j’ai cité dans le débat qui a suivi mon intervention, est malheureusement illustrative de cet état de fait.
La conférence a adopté à l’issue de ses travaux un certain nombre de recommandations à l’attention des institutions de l’Union européenne et de ses Etats membres, mais aussi du Conseil de l’Europe. Plus d’attention est ainsi demandée sur les aspects familiaux, culturels et linguistiques de la vie à l’étranger. Le refus de quelques Etats membres de faciliter la libre-circulation et le développement du langage de haine à l’égard des migrants doivent être combattus. Le but est, entre autres, de montrer que les migrants sont une chance pour la société qui les accueille, pas une charge. Il faut mettre en avant les bénéfices de la mobilité autant pour les migrants individuellement que pour le pays de résidence. L’idée serait de faire de 2017 l’année européenne du citoyen mobile. Une procédure accélérée permettant de combattre les discriminations à l’égard des migrants pourrait être mise en place à l’échelle de l’Union européenne. Un Fonds européen de solidarité pour la mobilité devrait être inventé afin d’aider concrètement autant les migrants arrivant dans un pays que les autorités de ce pays.
Beaucoup de bonnes idées ont été échangées à l’occasion de ces deux jours en Lettonie. Je suis frappé souvent par l’absence encore marquée de réelle mutualisation des idées et pratiques entre Etats membres sur des sujets qui, pourtant, parlent de manière croissante à nos sociétés respectives. Il y a de ce point de vue à charge des parlementaires et gouvernements une obligation de résultat tant l’attente est grande. Je peux le voir autant dans le travail de rapporteur que je mène à l’APCE que dans ma circonscription, au contact de nos compatriotes. C’est un fort besoin d’Europe qui s’exprime. J’espère que mon rapport sera une pierre à l’édifice à construire pour que les Européens établis hors de chez eux soient écoutés et traités comme des citoyens à part entière. Je présenterai un schéma de rapport devant la Commission de la Culture de l’APCE le 2 juin prochain, puis poursuivrai mes auditions et me rendrai sur le terrain dans 2 ou 3 pays d’ici à la fin de cette année. Mon objectif est de faire adopter le rapport au second semestre 2016, assorti de recommandations de politiques publiques coordonnées à l’échelle du Conseil de l’Europe. Pour parvenir à ces recommandations, il faudra qu’elles soient adoptées à la majorité des 2/3, ce qui, sans être aisé, est possible en fonction des circonstances. Je m’emploierai à parvenir à ce résultat.
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