Je me suis rendu les 9-10 septembre à Varsovie. Près de 6 500 Français sont établis en Pologne. C’est une communauté jeune, dont la moitié des membres possèdent également la nationalité polonaise. Au programme de ma visite figuraient notamment une permanence à l’Ambassade de France et une réunion publique de compte-rendu de mandat à l’Institut français, qui m’ont permis d’échanger longuement avec les compatriotes qui avaient souhaité me rencontrer. Nous avons évoqué, de même qu’avec l’Ambassadeur Pierre Buhler, les conseillers consulaires, parmi lesquels mon amie et suppléante à l’Assemblée nationale Pascale Seux, et les représentants des milieux d’affaires français, la perspective d’une alternance politique à la faveur des élections législatives du 25 octobre prochain. Le parti conservateur PiS, dopé par la victoire inattendue de son candidat Andrzej Duda à l’élection présidentielle de mai dernier comme par l’usure du pouvoir frappant la Plate-forme civique (PO) de la Première ministre Ewa Kopacz possède en effet quelque 10 points d’avance dans les sondages et semble se diriger vers une solide majorité parlementaire, éventuellement absolue.
Que seront les priorités d’un gouvernement conservateur ? Une inquiétude existe, nourrie par le souvenir du passage au pouvoir du PiS entre 2007 et 2009. Plusieurs interlocuteurs m’ont fait part du risque d’une « orbanisation » de la Pologne, sur fond d’interventionnisme économique, de nationalisme étroit et d’hostilité aux évolutions sociétales traversant le pays. La Pologne, dont le taux de croissance avoisine les 3%, a beaucoup bénéficié d’investissements internationaux et ne peut se permettre d’affronter les entreprises et autres pays amis qui ont contribué de manière décisive à son essor des années écoulées. C’est un message que la nouvelle direction du PiS et sa candidate Première ministre Beata Szydlo semblent entendre, ce qui devrait rassurer. Les enjeux sont grands. Dans les négociations climatiques comme également sur les réfugiés, il serait regrettable que la Pologne prenne le leadership d’un camp du refus au nom de son attachement au charbon ou de la défense d’une société homogène, terre d’émigration, peu ou pas rompue à l’immigration.
Depuis 2012, les relations franco-polonaises se sont intensifiées par la volonté des deux gouvernements. C’est un acquis considérable, qu’il faut pérenniser au-delà des scrutins nationaux et éventuels changements de gouvernement. La Pologne compte en Europe. Je me suis attaché durant mon déplacement à Varsovie à visiter les institutions qui incarnent la coopération franco-polonaise, en particulier dans le domaine de l’enseignement et de la culture. Je suis allé ainsi au Lycée français René Goscinny, où m’ont reçu le Proviseur Daniel Raynal et ses collaborateurs. De même, j’ai rencontré les représentants des enseignants et la présidente du Conseil d’administration du Lycée. L’établissement, établi sur deux sites, compte près de 800 élèves et affiche d’excellents résultats. Je me félicite que la question immobilière, qui soulevait des inquiétudes encore récemment, soit désormais en voie de stabilisation. Le regroupement sur un seul et même site doit cependant rester un sujet de réflexion, si ce n’est une ambition. Un site unique contribuerait idéalement au développement du Lycée face aux autres établissements internationaux et à la qualité des établissements polonais.
J’ai également visité le Lycée bilingue Zmichowska, qui est l’un des 4 établissements scolaires publics polonais bénéficiant à ce jour du LabelFrancEducation. Le Lycée Zmichowska, presque centenaire, dispose d’une filière bilingue francophone depuis les années 1950. Plus de 500 de ses 670 élèves suivent cette filière bilingue en collège et lycée. Leur admission au collège procède de tests rigoureux de prédisposition linguistique. 490 écoliers s’y sont présentés l’an passé pour un total de 90 places. Les disciplines non-linguistiques enseignées au lycée sont l’histoire, les mathématiques, la physique et la biologie. J’ai pu assister durant ma visite à un cours de biologie en français. Chaque classe du lycée compte parmi les élèves de jeunes franco-polonais. En fin d’études, les élèves obtiennent le baccalauréat bilingue (matura), auquel l’Ambassade de France ajoute une attestation de parcours bilingue francophone. Ils passent également le DELF B2, précieux sésame pour intégrer une université française. Je souhaite saluer le travail précieux de l’Institut français auprès de ces établissements.
L’Institut français est un acteur clé de notre présence et influence en Pologne. A Varsovie, à Cracovie et dans de nombreuses villes de Pologne, notre réseau culturel au sens large, avec les Alliances françaises, compte environ 10 000 apprenants à l’année. L’une des clés du succès de notre politique culturelle en Pologne est la continuité dans l’apprentissage et la pratique du français. C’est un défi, en particulier parce que le français n’est plus enseigné dans les trois premières années d’études universitaires. Dans cette perspective, le financement de postes de lecteurs de français à l’université est essentiel pour assurer la continuité. Un poste de lecteur pourrait ainsi être créé à l’Université de Katowice. En retour, il est important que les efforts des apprenants soient reconnus. Je déposerai une question écrite à l’Assemblée nationale la semaine prochaine pour interroger le gouvernement sur les (trop) nombreux tests auxquels sont soumis les apprenants de français en Pologne lorsqu’ils souhaitent s’inscrire auprès d’une université en France.
Je serai de retour à Varsovie le vendredi 24 octobre pour une visite et une réunion sur le campus de Natolin du Collège d’Europe. J’y assurerai au premier semestre 2016 un séminaire d’enseignement sur le Conseil de l’Europe et les mécanismes de protection des libertés fondamentales. Je profiterai de ce prochain déplacement pour me rendre au Carré français du cimetière de Varsovie où, à l’initiative du Souvenir français et de l’association Rhin et Danube, une stèle célébrant la relation militaire franco-polonaise sera bientôt érigée. Je contribue à son co-financement par un don au titre de ma réserve parlementaire. Je suis attaché à ce que soit honorée la mémoire des combattants des unités franco-polonaises de la 1ère armée française. J’ai rencontré lors de ce déplacement la Présidente du Souvenir français Grazyna Matkowska et son père Jan Skowron, l’un de ces combattants dont le parcours et le courage forcent admiration et émotion.
Je tiens à remercier l’Ambassadeur Pierre Buhler et le Consul Michel Lisbonis pour leur disponibilité et la gentillesse de leur accueil ainsi que le Premier conseiller Sylvain Guiaugué pour l’aide apportée lors de la préparation de ce déplacement.
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