Comme beaucoup, j’ai appris avec une vive émotion le décès de l’ancien Chancelier Helmut Schmidt. J’avais pour l’homme, pour son action gouvernementale et aussi pour son parcours journalistique une très grande admiration. Sa social-démocratie, combative sur les valeurs, réaliste en économie et passionnément européenne, est celle dans laquelle je me reconnais. Il y avait chez Helmut Schmidt comme une autorité morale, transcendant les familles politiques. Plus de 30 ans après son départ de la Chancellerie, il était resté une référence en Allemagne et au-delà.
Détenteur du record de longévité à la Chancellerie en tant que social-démocrate, Helmut Schmidt avait adhéré dès 1945 au SPD. Sa carrière se confond avec la ville-Etat de Hambourg dont il aura été, hormis pendant son mandat de Ministre de l’intérieur du Land de 1962 à 1965, l’un des élus au Bundestag de 1953 à 1987. Fin stratège, il fut Ministre de la défense dans le gouvernement de Willy Brandt, puis Ministre des finances. Chancelier fédéral entre 1974 et 1982, il fit face à la crise économique et à la montée du terrorisme d’extrême-gauche.
Il mena une politique économique pragmatique, qui permit à l’Allemagne de mieux résister que les pays voisins et qui est résumée par sa formule désormais fameuse: « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain ». Sa gestion de la lutte contre la fraction armée rouge fut respectée, y compris par ses adversaires politiques. Au niveau international, il poursuivit la politique de rapprochement avec l’Allemagne de l’est et d’apaisement avec l’URSS engagée par Willy Brandt tout en mettant l’accent sur les bonnes relations avec les Etats-Unis.
Je me souviens de son engagement sans faille en faveur du projet européen et d’actions visant à favoriser l’amitié franco-allemande. Outre un renforcement des relations franco-allemandes, ses liens amicaux avec le Président Valéry Giscard d’Estaing ont permis une démocratisation et un approfondissement de l’intégration européenne. Je pense par exemple à l’adoption en 1976 de l’Acte permettant l’élection au suffrage universel direct des membres du Parlement européen ou bien aux premiers pas de l’union économique et monétaire avec le système monétaire européen.
Après la Chancellerie, puis la vie parlementaire, Helmut Schmidt était resté présent dans le débat public. Ses réflexions dans le domaine économique ou bien encore sur le lien transatlantique, publiées dans Die Zeit faisaient référence. Il y a peu, c’est sur la crise grecque qu’il s’exprimait encore. Avec sa disparition, c’est une page importante de l’histoire allemande et européenne qui se tourne. Helmut Schmidt nous manquera. Puissions-nous nous inspirer de ce bon sens qui faisait sa force, de cette volonté de dépassionner le débat pour trouver les solutions pragmatiques qui font le consensus et le progrès.
A mes amis allemands, sociaux-démocrates bien sûr, mais aussi d’autres familles politiques, tous tristes ce soir, je veux dire ma très sincère solidarité dans la peine.
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