Je me suis rendu en Bavière les 7-8 juin pour un voyage de deux étapes, l’une à Munich, l’autre à Erlangen. A Munich, accueilli par le Conseiller consulaire Philippe Moreau, j’ai rencontré les acteurs de la communauté scolaire du Lycée français Jean-Renoir. Le Proviseur Eric Galice-Pacot, qui achève ses 4 années de direction à Munich et rejoindra bientôt le Collège international Marie de France de Montréal, m’a présenté le bilan d’une année scolaire qu’il juge positive, en l’attente bien sûr de résultats du baccalauréat que chacun espère brillants pour l’ensemble des candidats. D’une capacité de 1.500 élèves, le Lycée Jean-Renoir compte actuellement 1.470 écoliers, collégiens et lycées, répartis sur deux sites. Le succès de l’établissement le conduit à approcher de sa capacité maximale et de petites listes d’attente existent même désormais en petite et moyenne sections maternelles, en CM2 et en classes de seconde. J’ai pu visiter les nouveaux locaux de la cantine scolaire, en construction lors de mon dernier passage. Les prochains travaux programmés sont la rénovation des façades du site de Giesing, entièrement financée par l’Etat de Bavière, dont il faut saluer l’engagement et la fidélité.
Le Lycée Jean-Renoir compte 14% d’élèves boursiers. Si les demandes de bourses déposées le sont en moindre nombre que par le passé, le nombre de boursiers, quant à lui, a augmenté de 2% sur l’année en cours. L’augmentation des coûts d’écolage est modérée (+ 0,5%). Ces coûts, cependant, sont élevés (de 4.600 Euros à 5.700 Euros) et représentent une dépense importante pour les familles, a fortiori dans le cas de fratries. Les bourses scolaires sont plus que jamais essentielles. Je regrette que la réforme du barème, conduisant la plupart des familles boursières à une réduction des quotités calculées, ait pu entrainer une dizaine de déscolarisations à l’entrée en vigueur de la réforme. Je reste préoccupé par l’insuffisante prise en compte du coût de la vie à Munich par l’indice Mercer en comparaison avec le reste de l’Allemagne et l’ai écrit à plusieurs reprises au gouvernement et à l’Agence pour l’Enseignement français à l’étranger (AEFE). Le Lycée Jean-Renoir a mis en place une caisse de solidarité pour venir en aide aux familles en difficulté et régler notamment les fournitures scolaires et la cantine.
Je me suis enquis des difficultés ces dernières années entre l’AEFE, représentée par la direction de l’établissement, et le Betriebsrat, représentant le personnel recruté local. Le Proviseur m’a assuré que ces difficultés avaient été réduites. Des courriers m’ont été remis par les personnels montrant que certaines tensions demeurent encore. Il faut impérativement les aplanir. Rencontrant les représentants syndicaux des personnels enseignants et non-enseignants, j’ai pris note des craintes exprimées quant aux conclusions du récent rapport Perret sur l’enseignement à l’étranger. Je les partage largement et avais saisi, en compagnie d’autres élus, le Ministre des Affaires étrangères le mois passé. La contrainte budgétaire ne peut être la seule inspiration de notre politique d’enseignement en Allemagne. Je regrette que le doyen Perret n’ait rencontré ni les élus ni les communautés de parents et d’enseignants. Cela aurait permis, entre autres, de livrer une autre lecture sur le bilan du statut d’Ersatzchule accordé à plusieurs de nos établissements, dont le Lycée Jean-Renoir, et que je juge favorablement.
Je relaierai auprès de l’AEFE, dont je dois rencontrer le directeur Christophe Bouchard demain, les inquiétudes des enseignants et des parents d’élèves sur les conséquences de la réforme du collège. Cette réforme fait débat. J’en défends le principe, mais n’ai pas caché depuis l’an passé mon opposition, entre autres mesures présentées, à la suppression des classes bi-langues et au moindre soutien aux élèves en difficultés. Il n’est pas normal que l’application de la réforme se traduise par la diminution des heures d’enseignement de français et, amère ironie pour un établissement situé en Allemagne, d’allemand. Les parents d’élèves ont porté à mon attention l’absence d’une infirmière scolaire sur le site de Giesing, où étudient 780 élèves. C’est un point à améliorer, clairement. La réforme envisagée du Förderverein, propriétaire des murs du Lycée Jean-Renoir, afin de l’autoriser à engager des personnels non-enseignants et réduire ainsi la contrainte du plafond d’emplois fixé par l’Etat, pourrait permettre, je l’espère, de pourvoir à ce besoin. J’ai interrogé le Proviseur sur l’affichage au Lycée de la Charte de la laïcité. J’estime que cette Charte doit figurer dans un établissement en gestion directe par l’AEFE, en dépit d’éventuelles résistances locales. La Charte est visible au CDI.
Après le Lycée Jean-Renoir, je suis allé à l’Institut français. Je devais, aux côtés de son directeur Julien Thorel, inaugurer symboliquement sa médiathèque rénovée. J’ai consacré à cette rénovation un don de 17.000 Euros au titre de ma réserve parlementaire pour 2016. Un travail remarquable de refonte des collections et d’aménagement d’un coin des tous petits a été conduit. Toute l’équipe de l’Institut doit en être remerciée. La médiathèque a reçu en 2015 quelque 8.500 visiteurs. Elle compte plus de 1.500 abonnés et a effectué l’an passé près de 33.000 prêts. La convivialité d’une médiathèque figure parmi les clés essentielles du développement d’un Institut, aux côtés de sa programmation. L’Institut de Munich, qui recense plus de 2.000 apprenants en rythme annuel, possède dorénavant avec sa médiathèque rénovée, un outil précieux. A l’issue de l’inauguration, j’ai tenu à l’Institut une permanence pour les compatriotes qui souhaitaient me voir individuellement, puis une réunion publique de compte-rendu de mandat, développant en particulier les questions fiscales, de législation familiale et d’enseignement.
La seconde étape de ce périple bavarois m’a mené à Erlangen. J’ai retrouvé avec plaisir à l’Institut franco-allemand la directrice Rachel Gillio et la présidente du Conseil d’administration Pascale Hoelger. Ma première visite à l’Institut en 2013 m’avait beaucoup marqué. L’Institut d’Erlangen est une success story trop méconnue, qui tient beaucoup à l’engagement de Rachel Gillio comme à la volonté de la ville d’Erlangen d’avoir sur place un instrument de coopération et d’échanges interculturels. Les activités et la réputation de l’Institut s’étendent d’ailleurs aujourd’hui bien au-delà d’Erlangen, pour toucher Nuremberg et une large part de la Franconie. La ville d’Erlangen met des locaux à disposition. Elle verse également une subvention, comme le font l’Ambassade de France en Allemagne et l’entreprise Areva, dont le siège allemand est situé à Erlangen. Le budget de l’Institut repose aux deux tiers sur l’autofinancement. Rachel Gillio est entourée par une équipe de 4 permanents et une cinquantaine d’enseignants vacataires. Quelque 800 apprenants suivent chaque semestre les cours de langue. La médiathèque compte plus de 9.000 ouvrages et 400 abonnés. J’avais accordé un don de 6.000 Euros au titre de ma réserve parlementaire à l’Institut en 2015, dont j’ai vu la belle concrétisation avec le coin des tous petits.
L’Institut franco-allemand d’Erlangen fourmille d’idées et de projets. Le festival du film pour enfants qu’il organise tous les ans en est à sa 5ème édition. Le festival du film français en est, pour ce qui le concerne, à la 8ème. Tous les mois, un film français est présenté. Hier, il s’agissait du magnifique film de Catherine Corsini « La belle saison ». Tous les mois se tient également une lecture de contes pour les tous petits qui, outre les enfants, rassemble aussi leurs parents dans un esprit d’échange intergénérationnel. Un projet de jardin d’enfants franco-allemand est en route, dont l’Institut sera le porteur, en lien avec la ville d’Erlangen. Ce jardin d’enfants s’ouvrira également aux enfants de réfugiés. C’est une initiative remarquable, plus encore dans le contexte d’accueil de familles de Syrie, d’Irak ou d’Erythrée. J’ai rencontré à l’Institut Madame Elisabeth Preuss, vice-maire en charge des affaires sociales, qui a pu me présenter concrètement l’engagement de la municipalité du maire Florian Janik pour l’accueil de plus de 1.000 réfugiés. L’Institut lui-même a mis en place des cours d’allemand pour les réfugiés. Une preuve de plus de l’instrument d’intégration qu’il représente.
Je reviendrai à Erlangen dans le courant de l’automne pour un débat sur la lutte contre les dérèglements climatiques.
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