La primaire de la gauche a mis dans le débat public la question de l’instauration en France d’un revenu universel, versé à tous sans condition de ressources. L’idée de ses promoteurs est d’éradiquer ainsi la grande pauvreté. Ce faisant, elle est également de définir une nouvelle relation au travail et au temps libre. Le travail serait destiné à se raréfier sous l’effet du numérique et des nouvelles technologies. C’est la position de Benoît Hamon, dont le revenu universel constitue l’une des mesures essentielles du projet présidentiel. Je ne la partage pas. Le plein emploi n’est pas une chimère : il existe dans un univers ouvert, concurrentiel et européen comme l’Allemagne. Il faut pour cela faire, entre autres, les choix de spécialisation, de formation et d’investissements nécessaires. C’est vrai que les progrès technologiques détruisent des emplois et des métiers, mais ils créent aussi en retour de nouveaux. Il n’est pas juste de dire que l’on aurait tout tenté pour vaincre le chômage. L’exemple de nos pays partenaires nous le montre. La France n’est pas différente d’eux, pour peu que les réformes utiles y soient conduites (lire ici).
Dans les années précédant mon élection à l’Assemblée nationale, j’ai eu en charge un projet d’investissement industriel en France pour le compte de ma société germano-américaine. Il y avait à la clé la création de quelque 500 emplois directs. Ce projet m’a beaucoup marqué. Il m’a permis de toucher du doigt toute les rigidités réglementaires et fiscales compliquant un processus d’investissement en France au risque même de le décourager. Je me souviens de discussions portant sur l’adaptabilité du cadre de travail français à l’organisation de la production dans l’usine que nous souhaitions construire. Je m’en étais ouvert dans les débats de l’an passé sur la loi travail (lire ici). La souplesse du cadre de travail est essentielle pour un investissement réussi, la confiance en l’avenir et la volonté d’encourager l’emploi également. Je redoute la lecture que feraient les entreprises et les investisseurs d’un choix – la généralisation du revenu universel sans condition de ressources – que chacun interpréterait comme un renoncement de la France au travail et à l’idée que la croissance soit non seulement possible, mais même souhaitable.
Je crois au travail. Le travail, c’est la dignité, c’est l’émancipation pour chacun. Il n’y a aucune fatalité à ce que l’on en soit privé. Pour cela, les moyens de l’action publique doivent aller à ceux qui en ont besoin. Aujourd’hui, plus d’un tiers des personnes éligibles au RSA ne font pas valoir ce droit, parce qu’elles ne sont pas informées ou parce que c’est compliqué. Voilà pourquoi je soutiens l’idée de fusionner tous les minimas sociaux dans un revenu de base, ouvert à tous et notamment à la jeunesse, mais sous stricte condition de ressources. C’est une question d’efficacité (simplification administrative) et de réalisme (charge budgétaire) de la mesure. A l’inverse, la généralisation d’un revenu universel à hauteur de 750 Euros par mois, comme cela est proposé, coûterait au bas mot 300 milliards d’Euros aux finances publiques. Où irait-on les chercher, si ce n’est par une hausse massive des prélèvements obligatoires, déjà parmi les plus élevés en Europe ? Or, relancer l’économie, les investissements et donc l’emploi requiert non d’augmenter les prélèvements obligatoires, mais au contraire de les baisser. Alors, oui au revenu de base, non au revenu universel.
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