Dans une centaine de jours aura lieu l’élection présidentielle. En l’attente de la candidature du Président de la République, ses challengers s’échauffent. Avec plus ou moins de bonheur, à droite comme à gauche. Pour certains, c’est à gauche toute qu’il faut aller, pour les autres c’est à l’inverse vers la droite et ses extrêmes qu’il faut tendre. J’ai regardé hier le replay du débat sur C8 entre Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon (… ou Maurras et Bolivar). Je l’ai trouvé consternant. D’un côté, il était question de virer les étrangers, de l’autre de purger la police nationale. Les invectives fusaient. De propos constructifs, il n’était point question. Comme si l’élection présidentielle devait se résumer à un combat de grandes gueules, le verbe haut et l’insulte facile érigés en cache-sexe de la vacuité des programmes et des idées. Le débat public n’est pas un spectacle. La politique crève des promesses non-chiffrées et autres postures idéologiques érigées en totems, comme s’il n’existait rien finalement au-delà des tracts, des tweets et des slogans. Et, plus encore, comme si notre pays, l’Europe et le monde ne traversaient pas depuis deux ans une pandémie terrible, cause de millions de décès, et une crise économique abyssale inégalée par sa gravité depuis un siècle.
J’écris ces lignes en citoyen, en ancien parlementaire que la passion de la politique et de la chose publique n’a jamais lâché. Il y a quelques années, l’idée que la gauche et la droite étaient des repères dépassés avait le vent en poupe. Je ne l’ai jamais partagée. Toute mon histoire personnelle s’inscrit à gauche, dans une gauche désireuse de réformes, de progrès réels, de résultats tangibles et partagés, loin de toute incantation et logique protestataire. Sur le spectre politique qui s’étend de la gauche à la droite, je me situe au centre-gauche, attaché à la redistribution, à la recherche concrète de la justice sociale et à la lutte à la racine contre les inégalités, attaché aussi à une société de liberté et de responsabilité, qui valorise le travail, l’initiative et l’entreprise. Je n’ai jamais été sujet à une influence marxiste, je n’ai à l’égard de l’économie de marché aucune forme de prévention. Au contraire, je défends le marché comme le moyen de mettre l’économie en mouvement, de promouvoir la prise de risque, de créer de la valeur qui, tout au bout, bénéficie à tous. Et j’ai foi en le projet européen, en la construction d’un espace unique de libre circulation et de mobilité, parce que cette liberté-là est pour nous tous un progrès immense, un progrès de tous les jours aussi.
Je suis un social-démocrate européen. Je ne vitupère pas contre « le néo-libéralisme » ou « l’ultra-libéralisme », expressions aussi vaines que creuses. Si le libéralisme prévalait, jamais le « quoi qu’il en coûte » n’aurait été mis en place, au prix d’un effort national et européen d’une magnitude totalement inimaginable il y a deux ans encore. Nous vivons depuis lors un moment social-démocrate, où toutes les ressources de la puissance publique, depuis le local jusqu’à l’Europe, ont été mobilisées décisivement dans une situation de calamité absolue. Tout cela, c’est l’inverse du laissez-faire. La puissance publique a placé l’économie sous perfusion et elle a eu raison de le faire, relâchant toutes les disciplines anciennes, inventant de nouvelles solidarités, empruntant, luttant pied à pied, par la coopération européenne et nationale, pour sauver les vies, les emplois, les investissements, les entreprises et notre avenir commun. En 2021, grâce à cet effort, dopant la consommation et les investissements, la croissance a dépassé les 7% en France, effaçant le recul de 2020, et le chômage a baissé de plus de 12%. Cette réalité-là est indiscutable et elle est la conséquence de choix politiques assumés, revendiqués, pris dans la tempête, au moment où il fallait fermement tenir le manche.
L’histoire de la social-démocratie est celle du combat pour la justice sociale. Or, la plus grande des injustices sociales, c’est de ne pas avoir d’emploi. Et sans emploi, il n’y a guère d’avenir. La formation et l’apprentissage sont essentiels pour l’employabilité, celle des jeunes bien sûr, mais des moins jeunes aussi, tout au long de la vie et en particulier en fin de parcours professionnel. Les défis qui se posent à nous, en particulier l’urgence des transitions écologiques et digitales, requièrent, non de travailler moins, de produire moins, de chercher moins, d’inventer moins, mais au contraire de travailler plus, plus nombreux et, pour ceux qui le souhaitent, plus longtemps. Il faut pour cela poursuivre la réduction du coût du travail engagée depuis le précédent quinquennat et rendre les embauches plus faciles. L’objectif de plein emploi doit être atteint. Il est impératif de renverser le mouvement de désindustrialisation qui a frappé notre pays depuis une trentaine d’années, saignant des villes et des régions, condamnant des générations à la désespérance. La valorisation du travail est au cœur de cette réindustrialisation, vers les métiers, les biens et les services d’avenir, dans une logique souveraine, pour réduire notre dépendance extérieure et notamment à l’Asie exposée par la pandémie.
La question salariale sera au cœur de l’élection présidentielle. Elle est inhérente à l’histoire social-démocrate. La précarité et l’insécurité sociale ne peuvent être les angles morts de l’objectif de plein emploi. Un compromis salarial est nécessaire entre employeurs et organisations syndicales, qui reconnaisse l’effort des uns et des autres et partage entre eux les fruits de la croissance. L’objectif de plein emploi est in fine un atout pour la question salariale. Comme il l’est aussi pour les mécanismes de redistributions et leur pérennité, ceux-là même qui ont contribué décisivement à atténuer le pire de la crise, car plus de valeur créée, plus d’activités, c’est aussi davantage de recettes fiscales et de cotisations sociales pour les financer, pour investir dans les services publics et pour désendetter notre pays, ce qu’il faudra amorcer dès la sortie de crise. C’est par la croissance, par la reconnaissance du rôle central de l’économie, que nous nous en sortirons. Cette volonté-là est celle de la gauche qui m’est chère, celle également d’autres courants de pensée qui, sur le spectre politique, feront le choix de travailler ensemble. Je le souhaite, dans le respect de l’identité de chacun, sans que ce dépassement nécessaire n’entraine l’effacement d’aucune histoire, ni projet.
Voilà l’enjeu, autant celui des prochaines semaines que celui des cinq années à venir. Il ne faut pas fuir l’économie, par renoncement ou fatalité, comme s’il n’y avait plus rien à faire, qu’elle nous dominait ou, à l’inverse, qu’elle n’existait pas, comme si le débat public et présidentiel devait désormais se jouer sur les obsessions identitaires ou le communautarisme, les clichés ou les scandales, les coups d’éclat ou les coups de gueule. Rien ne serait pire que pareil scénario. Ce n’est pas davantage dans la « cancel culture ou la multiplication péremptoire d’interdits, ici ou là, qu’il faut préparer l’avenir. L’espace politique dans lequel je me reconnais, cette social-démocratie européenne juste et engagée, doit être entendu, représenté et porté. Il doit l’être loin des agitations vaines, des divisions, dans un large rassemblement progressiste, au service de notre pays et de son avenir. Nous vivons une époque redoutable, tragique même, ce que les anglo-saxons appellent un « defining moment », qui requiert plus que jamais un débat sain, des enjeux clairement exposés, le souci du dépassement et la ferme volonté d’agir ensemble. J’espère de tout cœur que le rendez-vous électoral du printemps nous offrira ce moment. Il le faut. Notre pays, la France, en a besoin. Et nous, Français, aussi.
bonjour et merci pour votre post, il faudrait qu il soit lu par le plus grand nombre de nos concitoyens,
Il me semble,quand même, que tant que nous serons sous un régime présidentiel à 2 tours ,avec élimination, pour garder une seule personne que l on appelle Président,, qui n est même pas le représentant de tous les francais et qu ´il est chef de parti, qu il dirige ouvertement ce pays, au mépris d´un gouvernement dont le premier ministre n est plus qu une ombre, jamais l on ne pourra devenir une vraie démocratie, ou les citoyens sont en fracture les uns contre les autres, avec un habillement politique qui ne tient pas la route. Les étiquettes collées sont parfois très fausses , les programmes et les promesses,c est la même chose.. DE vivre en Allemagne m´amène à comparer,.. Les meilleurs ministres que l on ait eu en France, on eu le tort finalement ,de porter une étiquette communiste, alors qu ils ont fait plus de social que le parti du même nom, et ce, depuis 1945, puis avec le Programme Commun. Vous avez été jeté en 2017, à cause de votre étiquette, et vous le savez.Nos concitoyens de la 7e circonscription n´ont été que des moutons bien formatés , quand les médias nous bassinaient que l affaire été jouée après les Présidentielles, ce qui a fait un raz de marée abstentionniste aux Législatives,alors que de lire le programme Macron, qui a ´été pratiquement fait, à l exception des retraites pour cause de Covid. IL va le faire dès que possible en cas de réelection, et si ce n est pas lui, ce swra sa soeur Pécresse ou sa tante Le Pen.
Voulez-vous rester dans le schéma de ces élections présidentielles qui sont biaisées? Moi non. le problème est de trouver une autreformule démocratiquement, nous sommes le seul pays européen à avoir cette élection ,qui nous donne maintenant un vrai monarque absolu. Voilà l´enjeu des élections. DE changer la girouette ,qui est manipulée par les lobbies , la Haute Finance, beaucoup plus que chez les voisins, puisquíl y a des coalitions, donc un PARTAGE du pouvoir…
On va donc encore jouer avec un pseudo-vote démocratique, qui entraînera une abstention massive, au risque de voir effectivement arriver la peste , au pouvoir. Peut-être faut-il que la France en passe par là pour comprendre? Nos amis allemands qui ont connu la peste brune ont su ensuite faire en sorte que cela ne se reproduise plus, avec uun syst°eme électoral un peu plus respectueux de ses citoyens, et avec des politiciens qui sont ,malgré tout, un peu plus honnêtes et propres sur eux. D´^etre condamné et de revenir aux affaires, ce n est pas très bien apprécié non plus,
Tout n est pas blanc, tout n ést pas noir, simplement, supprimons les étiquettes poiltiques , laissons le bon sens reprendre sa place, et que tous ensemble, nous arrivions à vivre de notre travail dans le respect et la dignité pour nos enfants et petits enfants. Les gens compétents sont légion dans notre pays, comme ailleurs, et le copinage et les lobbies devraient être bannis, ainsi que le racisme à la con qui réapparaît chaque 5 ans..
Gardons espoir, donc..
cordialement,
Ph. Saffré.
Merci de tout coeur, cher Philippe.