Ce soir, le Royaume-Uni quittera l’Union européenne. C’est un triste jour pour ce grand pays, c’est un triste jour pour l’Europe aussi. Pour la première fois, l’Union européenne perd un Etat membre. Le projet européen voulait que l’on additionne des Etats, pas qu’on en soustraie. C’est pourtant ce qui se passera ce vendredi 31 janvier 2020 sur le coup de minuit. Il faut vouloir parler d’échec, d’échec de l’Union, d’échec de ceux qui l’on fait, de ce qui y ont cru et y croient encore. Lorsque l’Europe se construit loin du citoyen, qu’elle n’entend pas assez, qu’elle ne protège pas assez, la démagogie et les mensonges peuvent alors prospérer librement sans risquer une contradiction efficace. Ce fut le cas en juin 2016 au Royaume-Uni. En donnant à Boris Johnson une large majorité absolue à la Chambre des Communes en décembre 2019, le peuple britannique a confirmé son choix de 2016, qu’il s’agit désormais, au-delà de la peine et des regrets, de respecter.
Demain sera un autre jour. Il reste à définir ce que sera la relation future entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Le défi est immense. Les règles du marché unique resteront en vigueur au Royaume-Uni jusqu’au 31 décembre de cette année, pas au-delà. Ce qui implique que britanniques et européens négocient à marche forcée un cadre pour l’avenir, faute de quoi s’appliqueront les règles de l’Organisation mondiale du commerce avec droits de douane et quotas à compter du 1er janvier 2021. L’impact sur l’activité économique d’un tel scénario serait désastreux, en particulier pour le Royaume-Uni dont près de 50% des exportations de biens ont l’Union européenne pour destination. Il serait question d’une perte de 5,5% de PIB sur le long terme. Pourtant, certains milieux proches de Boris Johnson poussent pour la rupture complète et la transformation du Royaume-Uni en un Singapour européen à coups de dumping fiscal, social et environnemental.
L’Union européenne ne peut se permettre d’avoir un adversaire à ses portes. Et s’il est une leçon à retenir du Brexit, c’est l’urgence de protéger les Européens et de leur en apporter la preuve. Des millions d’emplois seraient en jeu chez nous si les négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne venaient à échouer. Il s’agit de tenir bon sur l’intégrité du marché unique, qui reste l’atout politique et commercial de l’Union à l’échelle du monde. Cet objectif doit être la priorité du mandat de négociation que les 27 Etats membres donneront à Michel Barnier prochainement. Le temps n’est plus d’être naïf ou timide, surtout quand personne ne l’est en face, d’autant que le gouvernement britannique entend négocier en parallèle des accords commerciaux avec les Etats-Unis, le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Ce qui exclut de fait toute solution de type norvégienne (accès au marché unique et contribution au budget de l’Union) ou turque (union douanière).
La vérité est cependant qu’à ce stade, le Royaume-Uni a plus à perdre que l’Union européenne, quoi qu’en dise Boris Johnson. Jamais un accord commercial avec d’autres régions du monde, fut-il majeur, ne compenserait avant longtemps les conséquences à court terme d’une rupture totale avec l’Union. Les régions industrielles de la vieille Angleterre, qui avaient plébiscité le Brexit en juin 2016 et apporté leurs voix aux conservateurs en décembre dernier, seraient les premières à subir par un chômage de masse l’introduction de quotas et de droits de douane. Cela, Boris Johnson le sait mieux que quiconque. Pour cette raison, il est probable qu’il tende in fine au compromis, quitte à payer pour conserver l’accès au marché unique (et à fâcher ainsi certains de ses amis politiques), peut-être dans une forme de scénario identique à la relation entre l’Union européenne et la Suisse reposant sur la libre circulation des marchandises, mais pas des services.
Un échec peut aussi être source de sursaut et d’opportunités. L’Union européenne est une machine bureaucratique complexe et lente. Un partenaire flexible et rapide peut la mettre en difficulté, prendre un temps d’avance sur elle, plus encore parce qu’il en connaîtrait mieux que quiconque les contraintes et les failles. C’est ce que le Royaume-Uni peut être tenté de faire dans les négociations et une fois la relation future posée, notamment dans le cadre de la convergence nécessaire liée à son accès au marché unique. Non seulement l’Union ne pourrait prendre ce risque, mais elle serait inspirée de l’anticiper en se réformant. C’est là que le Brexit peut être pour elle une opportunité car la nécessité d’agir pour se protéger se ferait grande. Il est temps, et ce doit être l’objectif des 27 Etats membres, de reposer la question des objectifs, des moyens et des règles de l’Union européenne pour poursuivre au service des européens et avec eux la belle et grande aventure de l’intégration.
On est tres triste ici. Je suis European pour toujours et j’ai de bons amis en France et Allemagne. Vive l’Europe et nos amis.
Je suis Irlandaise qui habite en Ecosse avec mon mari Ecossais. L’avenir on doit etre Fort ensemble.
Chère Marie, l’histoire n’est pas finie. L’Europe reste la même belle cause et je suis certain que le Royaume-Uni en retrouvera le chemin. De tout cœur avec vous.